Le principe selon lequel l’individu acquiert la pleine maîtrise et disposition de son corps constitue l’un des traits spécifiques de l’idée même de modernité. C’est grâce à la rupture avec la domination naturelle du monarque absolu et avec la conception chrétienne du corps comme temple de Dieu que fut rendue possible la délégation démocratique du pouvoir aux représentants du peuple.
L’article 8 de la CEDH reconnaît le droit de chacun à « l’autonomie personnelle », acceptant ainsi « la possibilité de s’adonner à des activités perçues comme étant d’une nature physiquement ou moralement dommageable ou dangereuse pour sa personne ». Toutefois, à contre-courant, nous semblons aujourd’hui nous rapprocher de ces conceptions passées.
En effet, le pouvoir politique en France ne cesse d’établir des limites à la libre disposition du corps. En cherchant à protéger l’individu contre lui-même, l’Etat témoigne de la volonté de nous maîtriser et de nous contrôler davantage. Une mutation s’est opérée.
Le pouvoir politique en France ne cesse d’établir des limites à la libre disposition du corps, en cherchant à protéger l’individu contre lui-même.
Les droits subjectifs de l’Homme doivent désormais se subordonner au droit objectif de l’Humanité, décrétant alors certains choix comme « essentiellement » mauvais car opposés à ce principe de « respect de la dignité humaine », dont ce nouveau paternalisme d’Etat se réclame.
Il apparaît alors nécessaire d’une part, d’inscrire la libre disposition de soi dans la Constitution comme un droit fondamental ; et d’autre part, concernant des questions spécifiques telles que la Gestation Pour Autrui (GPA) ou encore l’euthanasie, de garantir que le décisionnaire est bien l’individu concerné et non pas d’autres instances.