Dans L’Express, Alain Madelin analyse la situation économique française à l’approche de l’élection présidentielle et défend un endettement conditionné à un gain de croissance.
La campagne présidentielle 2022 a commencé et les généreuses promesses des candidats affluent. À droite comme à gauche, on répond à la demande de pouvoir d’achat par une hausse du SMIC, des baisses de salaires et primes en tout genre, financées par des hausses d’impôt qu’Alain Madelin qualifie de punitives : « punir les riches, punir les mauvais comportements, punir la méchante pollution, les méchants produits importés… ».
« Cette désinvolture économique s’explique par le succès d’un « quoiqu’il en coûte » aussi impressionnant qu’indolore mis en place pour soutenir une économie clouée par un mauvais virus. »
Pour l’ancien ministre et figure politique du libéralisme en France, cette campagne présidentielle regorge de sources de financement peu sérieuses comme les 100 ou 150 milliards d’euros que droite et gauche assurent pouvoir récupérer respectivement dans la fraude sociale et l’évasion fiscale. La Covid-19 a fait sauter les digues de la frugalité économique par la suspension des critères de convergence de Maastricht, et cela a débuté dès le mois de mars 2020 avec le fameux « quoi qu’il en coûte ». Du fait de taux d’intérêt nuls voire négatifs, la dette n’est plus perçue comme un fardeau par nombre de politiques. Même Alain Madelin y est favorable, mais à certaines conditions.
« Finie l’époque où les États et les banques centrales contrôlaient les robinets de la création monétaire des banques commerciales. »
L’épidémie de la Covid-19 a révélé au grand jour la mutation de la monnaie et l’injection de milliers de milliards de dollars dans l’économie, sans même avoir à faire « tourner la planche à billets ». Madelin l’explique par l’apparition d’une finance mondiale de marché échappant à la régulation des banques centrales. Le prix du temps et du risque s’en voit dévalué et la croissance ralentit. Il explique que cette nouvelle finance, dont la croissance dépend, a besoin d’actifs sûrs comme les « bonnes dettes publiques […] des États-Unis, des pays européens réputés sûrs – la France est de ceux-là – ou encore la toute nouvelle dette européenne née de la crise Covid ».
« Il faut que les taux d’intérêt soient inférieurs aux taux de croissance (ce qui sur longue période permet de diminuer l’endettement lui-même). »
Madelin défend que la croissance doit guider l’action politique à court-terme. C’est dans cet unique objectif que l’endettement se justifie. Il met en garde contre l’investissement dans certains projets de lutte contre le réchauffement climatique qui peuvent freiner la croissance. À l’inverse, financer des baisses d’impôt par la dette est pertinent dans la mesure où elles peuvent doper la croissance avec un effet direct sur les recettes.
Pour lire l’article d’Alain Madelin dans L’Express, cliquer ICI.
Pour lire notre rapport « Pour une consultation budgétaire citoyenne », cliquer ICI.
Publié le 26/11/2021.
Dans Les Échos, Alexis Karklins-Marchay, soutien de GenerationLibre, démontre qu’Éric Zemmour n’est pas plus libéral en économie que sur les mœurs.
« De la même façon que l’hirondelle aristotélicienne ne fait pas le printemps, l’annonce d’une baisse d’impôt ne saurait faire le libéral » : bien qu’Éric Zemmour n’en récuse pas l’étiquette, pour Alexis, ça ne fait pas de lui un libéral pour autant, comme le démontrent ses déclarations dans les médias depuis au moins quinze ans. D’ailleurs, si Éric Zemmour dénonce des niveaux de dépenses publiques ou de prélèvements, c’est sans cohérence avec le libéralisme qu’il rend responsable d’un excès de bureaucratie.
« Vous attaquez avec virulence les « apôtres du marché » et les tenants de la « modernité libérale ». Vous regrettez que la droite ait repris « les thèses libérales européistes » et moquez les technocrates qui défendent les « stricts équilibres budgétaires ». »
Alexis explique preuve à l’appui la conception économique colbertiste d’Éric Zemmour. Il appelle l’amateur de l’histoire de France à tirer les conséquences du passé, et lui rappelle par exemple que sous Louis XIV, le protectionnisme a affaibli la France face à la Hollande libre-échangiste. Plus tard, les succès politiques de De Gaulle ont été rendus possibles grâce aux réformes économiques impulsées par le libéral Jacques Rueff. Et si plutôt que Colbert, Éric Zemmour allait lire Boisguilbert, Turgot, Say ou Bastiat ?
« Balzac, cet authentique génie français que nous aimons tant : « Tout gouvernement qui se mêle du commerce et ne le laisse pas libre entreprend une coûteuse sottise ». »
Alors que le programme économique d’Eric Zemmour devrait être structuré autour de la réindustrialisation, Alexis invoque Balzac, le meilleur avocat de la libre-concurrence qui explique que « l’industrie ne peut être sauvée que par elle-même, la concurrence est sa vie ».
Pour retrouver la tribune d’Alexis Karklins-Marchay, cliquer ICI.
Publié le 05/11/2021.
Dans Libération, Frédéric Potier, essayiste et expert de la Fondation Jean-Jaurès, voit en l’élection présidentielle actuelle le talon d’Achille de la démocratie française. Il plaide pour un suffrage universel indirect et un avancement du calendrier législatif.
D’habitude, l’Allemagne est pour les élites françaises un modèle économique et industriel mais pour Frédéric Potier c’est d’abord un exemple démocratique. Comme dans la IVe République française, le Parlement y est un réel contre-pouvoir à qui appartient l’initiative des lois et dans lequel le président est relégué à une position symbolique.
Ce système est parfois considéré comme instable et faible face aux crises mais l’essayiste démonte cet argument en rappelant la solidité du gouvernement mené par Churchill en situation de guerre.
« En encourageant l’idée d’homme ou de femme providentielle tous les cinq ans, et en l’absence de contre-pouvoirs réels au Parlement, la personnalisation quasi messianique de la politique française ne peut susciter que déceptions et défiances à l’égard des représentants du peuple. »
À l’inverse, le système français est dominé par un hyperprésidentialisme, parfois qualifiée de monarchie républicaine, qui date de l’instauration du suffrage universel direct par le Général de Gaulle en 1962. Dès lors, il relègue le rôle démocratique du citoyen à un vote pour un candidat auquel il est obligé de faire confiance pendant 5 ans, avec des contre-pouvoirs qui n’ont jamais été aussi faibles que depuis l’instauration du quinquennat en 2001.
Comme remède à ce mal français, Frédéric Potier fait une double proposition : « revenir à une élection du président de la République par un corps électoral composé des élus de la nation » et faire « que les élections législatives interviennent désormais non pas juste après mais avant l’élection présidentielle ».
« La France renouerait alors avec sa tradition parlementariste, qui fut à l’origine – il n’est pas inutile de le rappeler – de nombreuses conquêtes sociales et de grandes avancées sur le plan des libertés publiques sous la IIIe et la IVe République. »
Ces mesures sont très simples à mettre en œuvre juridiquement, il suffit de revenir sur les articles 6 et 7 de la Constitution, modifiés en 1962 et sur « l’inversion du calendrier électoral instaurée par la loi du 16 mai 2001 ». Politiquement, c’est une autre affaire : il faut pour la première méthode obtenir l’aval du Sénat voire déclencher une procédure référendaire.
Surtout, il faut la volonté d’un candidat à la présidence de la République qui accepte de sacrifier son heure de gloire sur l’autel de la vertu démocratique. Reste à espérer qu’un candidat formule la proposition transgressive de mettre fin à notre présidentialisme, pour le bien de notre démocratie.
Il rejoint là les prises de position récentes de l’universitaire Michel Troper et du délégué général de l’UDI Éric Schahl. D’une certaine façon, Gaspard Koenig lui répond cette semaine dans Le Point en dessinant le portrait robot d’un président plus simple.
Pour lire la tribune de Frédéric Potier « Pour rompre avec la politique spectacle, supprimons l’élection présidentielle », cliquer ICI.
Pour lire l’article de Gaspard Koenig « Le président idéal ? Moderne, modeste », cliquer ICI.
Pour lire la tribune de Michel Troper « Gagner la présidentielle sans sacrifier au présidentialisme ? Embauchez une actrice ! », cliquer ICI.
Pour lire la tribune d’Éric Schahl « Supprimons la présidence de la République ! », cliquer ICI.
Publié le 29/10/2021.
Dans un entretien pour Libération en 2015, Emmanuelle Auriol fait la proposition choc de créer un marché des visas pour remédier au travail clandestin en France.
La chercheuse à la Toulouse School of Economics précise d’entrée que son travail se concentre sur les migrants économiques, qu’elle dissocie des réfugiés qui relèvent d’un enjeu politique. La guerre que ces migrants politiques fuient n’est pas vouée à durer, contrairement aux inégalités de richesse entre le pays de départ et le pays d’accueil, à l’origine d’une immigration économique durable.
Les migrants économiques sont doublement victimes de leur statut de clandestin. Ils subissent l’exploitation des entreprises, qui voient en eux une main d’œuvre bon marché, et d’un rejet croissant de l’électorat populaire.
« Les entreprises sont ravies car c’est une main-d’œuvre pas chère, et les politiques peuvent rassurer les électeurs en disant qu’ils luttent fortement contre l’immigration clandestine. »
La solution de légaliser l’immigration économique par la vente de visas aux travailleurs est une réponse à deux problèmes de fond. Le premier d’entre eux est démographique : les pays européens ont besoin d’immigration dans les secteurs manuels où la main-d’œuvre manque. Le second concerne le trafic d’êtres-humains, via la désintermédiation des procédures entre le pays de départ et le pays d’accueil : les mafias de passeurs exigent jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour les traversées, qui peuvent se terminer en drames humains.
« Il existe des agences de placement dans les pays d’origine des migrants, où on leur fournit des billets d’avion. Pour la France, on pourrait imaginer le même dispositif dans les pays d’Afrique francophone. »
Emmanuelle Auriol prend exemple sur Israël et la Jordanie qui ont mis en œuvre ce dispositif pour les emplois peu qualifiés et détaille les mesures complémentaires à adopter. En plus de cette vente de visas encadrée, l’État aura la tâche d’accentuer la répression aussi bien contre les associations de passeurs que contre les entreprises qui recourent aux travailleurs clandestins.
À l’instar de la légalisation du cannabis, l’idée est séduisante mais doit être coordonnée à un assèchement du marché noir. « Une légalisation sans travail répressif contre les réseaux conduirait à l’augmentation des flux » conclut-elle.
Pour lire l’entretien, cliquer ICI.
Pour lire la tribune de Gaspard à ce sujet, cliquer ICI.
Publié le 19/10/2021.
Jean Baubérot, historien de la laïcité, interpelle Emmanuel Macron, en novembre 2020, dans une lettre ouverte sur le projet de loi dit « séparatisme ». Nous revenons sur ce texte subtil en faveur d’une laïcité libérale.
Jean Baubérot exhorte Emmanuel Macron à ne pas suivre l’agenda dicté par une partie de la droite de l’échiquier politique. Il argue qu’il y a une confusion entre communautarisme et séparatisme, qui doit être évitée dans la mesure où le premier ne constitue pas de menace pour la République mais qui, s’il est attaqué abruptement, peut mener au second.
« La communauté (ne) devient pernicieuse (que) lorsqu’elle amène à se « séparer » des lois et des principes républicains. »
Baubérot approuve la position du Président qui pointe du doigt la responsabilité de la République dans le phénomène de ghettoïsation de certaines zones du territoire, où se concentrent misère et difficultés. Il critique cependant son laxisme paradoxal, entre le laissez-faire dans l’enseignement des langues et des cultures d’origine, où du personnel enseignant est nommé et payé par des gouvernements étrangers depuis 1977, et le caractère liberticide de certains articles du projet de loi « contre le séparatisme ».
Le conflit entre valeurs et principes est à la racine de la confusion qui anime les débats sur la laïcité et la République. Pour Baubérot, les valeurs sont un concept fourre-tout interprétable d’un gouvernement à l’autre, pour le meilleur ou pour le pire, auquel il faut préférer celui des principes républicains, stable et garant des libertés individuelles.
« L’Église catholique respecte-t-elle les valeurs de la République quand elle interdit l’accès de la prêtrise aux femmes ? Et pourtant, elle n’est pas poursuivie pour discrimination à l’embauche. Et que dire des maçons, dont toutes les loges sont loin d’être mixtes ! »
Baubérot rappelle les propos de Durkheim sur l’intégration, aussi bien nécessaire pour prévenir l’anomie, que dangereuse quand elle est unilatérale, « transformant ses citoyens en membres passifs ».
En écho aux références utilisées dans l’hommage présidentiel à Samuel Paty, l’auteur rappelle la nature des débats de l’époque autour de la Loi de 1905, où Clémenceau clamait que « s’il pouvait y avoir un conflit entre la République et la liberté, c’est la République qui aurait tort ».
« Tant qu’on n’aura pas intégré culturellement que la République est « indivisible » sans être « une » pour autant, alors on courra droit vers la catastrophe et les prophéties autoréalisatrices d’une détérioration de la situation feront florès. »
Pour Baubérot, le projet de loi contre le séparatisme va à l’encontre de la conception laïque libérale d’antan, de l’interdit d’enseignement à domicile qui touche près de 50 000 élèves, à celui du port du foulard dans les services publics, ou encore celui qui prévoit une ingérence de l’État dans l’Islam.
Baubérot craint que cette nouvelle loi ne fasse qu’accentuer un sentiment anti-laïque et crée un terreau favorable à la séparation de certaines communautés. Ces mesures sont défendues dans le cadre de la menace terroriste, il faut veiller à ce qu’elles n’entravent pas durablement les libertés individuelles.
Pour lire l’article, cliquer ICI.
Pour lire la chronique « l’État de droit vaut mieux que la République » de Gaspard Koenig, cliquer ICI.
Publié le 16/10/2021.
Dans Le Figaro, Jacques de Saint-Victor fait la recension de « L’histoire oubliée du libéralisme » d’Helena Rosenblatt qui rappelle que le rappelle ne résume pas à l’économie.
Entre le piège de « l’exaltation radicale des droits et le péril délétère de la réaction illibérale », Jacques de Saint-Victor présente les travaux menés par Helena Rosenblatt pour réhabiliter des courants libéraux aujourd’hui éclipsés.
Pour Jacques de Saint-Victor, l’exemple contemporain de la Chine et celui plus ancien du Chili de Pinochet montrent que le libéralisme ne peut se résumer à « une apologie du libre marché ». Helena Rosenblatt retrace l’histoire du libéralisme dans le temps long, et met en valeur la diversité de ses courants avant 1945.
« Helena Rosenblatt a raison de réhabiliter les aspects oubliés d’une doctrine libérale trop souvent caricaturée et limitée, après 1945, à une sorte de défense acharnée du marché à la Frédéric Bastiat. »
Le passage de la liberté des Anciens à la liberté des Modernes s’exprime dans les écrits du penseur néerlandais Bernard Mandeville, pour qui « l‘égoïsme pousse à agir, tandis que la morale invite à la léthargie ». Helena Rosenblatt revient à l’époque romaine, où la morale civique prévalait sur les pulsions égoïstes. Aussi, elle rappelle la définition donnée par Cicéron à la liberté, le « devoir de donner et de recevoir ».
« Même un Adam Smith n’est pas un théoricien de «l’État minimal». On oublie sa critique des «riches marchands», «classe de gens (…) qui ont en général intérêt à tromper le public», son rejet du tout-marché et de l’individualisme égoïste, ainsi que son recours à l’État. »
Une réflexion à contre-courant visant à échapper d’une part aux excessives revendications des droits individuels, conduisant à la « tyrannie des minorités », et d’autre part à la réaction illibérale qui traverse aujourd’hui l’Occident.
Pour lire l’article, cliquer ICI.
Publié le 08/10/2020.
Notre expert Marc de Basquiat défend le revenu universel à l’occasion de l’université d’été de Territoires Zéro Chômeur.
Marc rappelle tout d’abord la définition du revenu universel, très confuse dans l’opinion. Il s’agit d’une somme distribuée par la communauté politique aux individus et dont le montant comme le financement sont ajustés démocratiquement. Marc insiste sur le fait que le revenu universel est un droit inaliénable et inconditionnel, destiné à tous les citoyens, quelques soient leurs situations et sans contrepartie.
« En terme de jargon, ce n’est pas uniforme. Il y a vraiment des termes très variés qui circulent (pour parler de revenu universel), et qui créent un certain brouhaha. Cela ne simplifie pas la discussion. »
D’après lui, la mise en place d’un revenu universel est pourtant simple. Simple d’une part parce qu’il ne nécessite que des ressources déjà mobilisées par le système, en impôt négatif et en prestations sociales (RSA, Prime d’Activité). Simple d’autre part parce que seule la manière dont est calculé l’impôt doit évoluer pour effectuer sa mise en place.
Marc constate que ceux qui appartiennent aux 15% des plus hauts revenus reçoivent chaque année 6000 € en impôts négatifs, soit environ 500 € par mois : un revenu universel existe donc déjà pour eux.
Il remarque ensuite que les personnes possédant les revenus les plus faibles touchent avec le RSA et la Prime d’Activité des aides équivalentes à ce qu’ils toucheraient dans le modèle d’imposition négatif du revenu universel tout en étant taxé à 30% sur leurs revenus. À l’inverse, ceux qui y ont droit mais ne le demandent pas l’obtiendraient automatiquement.
Ainsi, le revenu universel est soutenable, car il ne consiste qu’en une redistribution des ressources que le système actuel mobilise déjà.
« D’une certaine façon, le revenu universel existe déjà pour les plus riches. »
Dans un troisième temps, Marc compare le modèle actuel – qui cumule RSA, Prime d’Activité et SMIC – avec le modèle de revenu universel et le modèle de droit à l’emploi en fonction de 8 critères de justice sociale, d’aide à l’emploi, au logement, de liberté individuelle etc.
Si le revenu universel semble mieux répondre que les autres modèles à ces critères, Marc remarque que le travail qui est fait sur le droit à l’emploi est essentiel et ne doit pas entrer en concurrence avec le revenu universel qui confère aux individus une autonomie de choix de vie. Le revenu universel n’a pas pour vocation de gérer l’insertion professionnelle.
« Le revenu universel, que l’on nomme parfois socle citoyen, est un socle, et pas autre chose. C’est une proposition pour tous, robuste, mais on ajoute par-dessus l’aide au logement, la santé, les retraites, le handicap … »
Le revenu universel ne remet pas en cause certaines autres prestations sociales comme l’aide au logement. C’est en revanche un prérequis, un socle pour assurer une qualité de vie minimale pour tous les individus : « les personnes ont besoin d’un revenu qui les sécurise avant de les mettre en dynamique d’insertion. » Une sécurité qui peut encourager les individus à s’octroyer « la liberté de bouger, de changer de boulot, de trouver une formation, etc. »
Pour revoir l’intervention de Marc, cliquer ICI.
Pour lire notre rapport « Liber, un revenu de liberté pour tous », cliquer ICI.
Publié le 04/10/2021.
Dans Telos, Éric Chaney détricote la pensée décroissante et voit dans la croissance notre meilleur allié dans la lutte contre le changement climatique.
Sur les vingt dernières années (2020 exclu pour raisons évidentes), un découplage entre croissance par habitant et baisse des émissions de CO2 a eu lieu dans les pays industrialisés. L’auteur prend comme point de départ le rapport Meadows de 1972, utilisé par les décroissants pour légitimer leur combat, et constate l’inexactitude des prospections du modèle World3, qui prévoyait un « effondrement des productions industrielle et alimentaire mondiales » d’ici 2010.
« Rien de tel ne s’est produit : depuis l’an 2000, la production industrielle mondiale a progressé de 54 % et la population de 28 %, soit une augmentation de la production par habitant de la planète de 22 %. »
Autre marotte des décroissants, le mythe d’un pic pétrolier, anticipé en 1956 par Hubbert et qui a eu lieu en 1970, mais dont le rapport Meadows a négligé les « dynamiques fondamentales de l’économie de marché ». Aussi, la production américaine dopée par l’innovation technologique a vu le pic de 1970 dépassé en 2014.
« [Aux États-Unis, la consommation d’énergie par tête] a baissé de 15% au cours des vingt dernières années alors que le PIB par habitant augmentait de 25% […] C’est l’inverse de la tendance mondiale ! »
Si le discours décroissant et son plus éminent représentant Jean-Marc Jancovici disent vrai sur la corrélation entre PIB et consommation d’énergie par habitant au niveau mondial, ils font fi des disparités entre régions du monde. Les pays industrialisés, à commencer par les États-Unis ont obtenu des résultats spectaculaires en matière d’efficacité énergétique.
« Pour l’ensemble des pays de l’OCDE, [les émissions de CO2] ont baissé de 7,5% alors que le PIB augmentait de 42 %. Dans les pays industrialisés, croissance économique et baisse des émissions vont de pair depuis vingt ans. »
Si un découplage a pu avoir lieu en Occident, c’est grâce à l’innovation technologique et la dématérialisation de l’économie, conséquences d’une croissance économique qui finance la recherche. Éric Chaney termine son argumentaire par une remise en cause de l’utilité écologique même du modèle décroissant face à l’objectif de neutralité carbone.
« En optant pour une stratégie peau de chagrin dans les pays riches, on leur ôterait les moyens de transférer les technologies bas-carbone existantes et surtout à venir, faute de ressources financières suffisantes. »
Pour lire l’article d’Éric Chaney, cliquer ICI.
Publié le 30/09/2021.
Nos experts Florent Bayle et Erwan Le Noan répondent aux questions du Point dans le cadre de la publication de notre nouveau rapport sur les universités publiques.
Malgré « des résultats honorables », Erwan et Florent constatent que notre modèle universitaire vit un lent déclin. Cette crise se traduit d’une part avec un départ des étudiants français qui le peuvent vers les universités étrangères ou privées, et d’autre part avec un désintérêt des élites politico-économiques qui n’en sont généralement pas issues.
« Il est temps d’accepter qu’une concurrence saine existe entre les universités françaises et les formations privées ou internationales. La vision de l’autonomie de GenerationLibre vise à donner aux universités les moyens de mener au mieux leur mission de service public et de redevenir attractives. L’hypocrisie actuelle les condamne au contraire. »
Pour nos experts, le problème de nos universités ne réside pas dans les fonds investis par l’État mais dans la manière inefficiente avec laquelle ils sont alloués. Ils remarquent également que les investissements privés occupent une place trop faible dans le financement des universités publiques. En cause une faible visibilité budgétaire et une gouvernance administrative complexe.
« Nous estimons que le financement public n’est pas l’enjeu principal : la France consacre 1,14% de son PIB à l’enseignement supérieur, au-dessus de la moyenne de l’OCDE. »
D’après nos experts, un changement de modèle universitaire est indispensable. Dans le rapport que publie GenerationLibre, Florent et Erwan préconisent de transmettre davantage d’autonomie financière et éducative aux établissements, afin que chacun d’eux puisse définir son identité et sa stratégie académique.
Plus d’autonomie implique d’autoriser de nouvelles formes de pédagogies et d’organisation : recrutement via les tenure tracks, possibilité d’une sélection méritocratique des élèves, réforme des frais d’inscription, suppression de la grille nationale des salaires etc. Une telle réforme permettrait d’une part un ajustement des universités françaises sur les standards internationaux et d’autre part d’adapter les formations aux besoins des élèves. Et en particulier « d’orienter chaque étudiant vers les études les plus adaptées à son profil » en réduisant la sélection par l’échec.
« 58 % des bacheliers de l’année 2015 n’ont pas obtenu leur licence en 3 ou 4 ans. »
Dans ce modèle, chaque université se retrouve également davantage contrôlée grâce à une transparence renforcée sur les critères de sélection ainsi que les performances académiques ou financières.
Pour nos experts, accorder plus d’autonomie aux universités françaises est le seul moyen de les rendre plus attractives et plus compétitives à l’échelle internationale et de répondre plus efficacement aux besoins des étudiants français.
Pour retrouver l’entretien de Florent Bayle et d’Erwan Le Noan, cliquer ICI.
Pour lire notre rapport « Libérer l’université », cliquer ICI.
Pour lire notre note « Révolutionner les frais d’inscription », cliquer ICI .
Publié le 22/09/2021.
Dans Les Échos, Gaspard Koenig défend l’idée que, si l’État doit laisser vivre les adultes, il doit agir pour protéger les mineurs. En particulier contre le fléau des réseaux sociaux.
Gaspard revient sur les cas de cyberharcèlement #Anti2010. Au-delà du fait divers, il s’inquiète de « l’effet pervers des réseaux sociaux » et de l’incapacité des jeunes à se protéger seuls face à ce danger. Car les réseaux sociaux mettent à mal les capacités de concentration des individus, en particulier leur capacité à la lecture ce qui se ressent dans les nouvelles générations d’étudiants. Gaspard craint même que l’histoire ne donne raison à Michel Desmurget pour qui les réseaux sociaux sont la fabrique de « crétins digitaux ».
« C’est après avoir pris conscience de mon état de dépendance que j’ai arrêté simultanément Twitter et le café. J’y ai gagné la maîtrise de moi-même, condition de ma liberté. »
Si, en accord avec ses positions libérales, Gaspard se bat pour que l’État laisse les individus libres de leurs décisions, il pense que l’État doit protéger les mineurs.
L’État doit travailler à l’émancipation sociale et intellectuelle des futurs citoyens, « y compris par la contrainte ». Une position que Gaspard inscrit dans la lignée de la philosophie de l’instruction publique en France instaurée par Victor Cousin.
C’est pourquoi, alors « qu'(il) n’aime guère les interdits », Gaspard prône l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 16 ans.
« Les réseaux sociaux ne sont pas de simples intermédiaires neutres et bienveillants (…). Il faut les traiter pour ce qu’ils sont : une drogue distribuée gratos à la sortie de l’école. »
Les réseaux sociaux sont en effet construits sur un modèle économique particulier d’addiction, sollicitant les mécanismes cérébraux de plaisir. De véritables drogues en face desquelles nos enfants ne sont pas protégés.
Du moins ne sont-ils pas équitablement protégés face à ce péril : d’après le dernier rapport du Haut Conseil de la santé publique, « plus le niveau du représentant de l’enfant est élevé, plus le temps passé devant un écran est faible. » Une telle interdiction serait donc une mesure de justice sociale.
« Les enfants des milieux populaires sont davantage livrés à eux-mêmes devant les écrans, tandis que les parents plus éduqués déploient diverses stratégies de restriction. »
Il est plus que temps de repenser le cadre juridique qui protège les individus face au monde du numérique. GenerationLibre a publié en ce sens un rapport qui milite pour une patrimonialité des données personnelles. Les individus doivent pouvoir disposer librement de leurs données personnelles, les protéger ou les céder selon leurs intérêts.
Pour retrouver la chronique de Gaspard Koenig, cliquer ICI.
Pour retrouver notre rapport « Aux datas, citoyens ! » cliquer ICI.
Publié le 22/09/2021.