Budget, immigration, Proche-Orient : Rafaël face à l’actu

Interrogé par Jean Massiet pour Backseat sur Twitch, notre chargé d’études Rafaël Amselem définit le libéralisme à partir de la notion de dignité. Il dénonce la position caricaturale du parti LR sur le projet de loi immigration ainsi que les incohérences de notre système social. 

 

Dans un premier temps, Rafaël expose sa vision du libéralisme ainsi que les grands combats qui animent GenerationLibre. Selon lui, le libéralisme est un appel à la dignité de l’être humain qui permettrait à chaque citoyen de jouir de ses droits, eux-mêmes garantis par l’Etat.

 

 

« L’ensemble des droits politiques reconnus par la Constitution, par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, vise à reconnaître cette phrase de Paul Ricoeur (…) : « Quelque chose est dû à l’être humain du seul fait d’être humain ». » 

A propos du traitement par les partis politiques français du conflit au Proche-Orient, notre chargé d’études estime que la stratégie « philosémite » du RN est paradoxale et hypocrite au regard des liens du RN et de Marine Le Pen avec l’antisémitisme. `

De l’autre côté du prisme politique, notre chargé d’études note une scission au sein de la NUPES. Si celle-ci ne relève pas de la géopolitique, elle se manifeste à travers les sous-entendus et tropes de LFI qui refuse de reconnaitre les actions du Hamas comme terroristes et génocidaires.

 

« La France Insoumise, au fond, a adhéré à un discours qui consiste à dire qu’il n’y a que contextualisation dans ce conflit. » 

Aussi, dans un contexte de tensions, Rafaël juge opportun de promouvoir une vision libérale de la société en opposition à une laïcité restrictive. En ce sens, le takbir « Allah Akbar », énoncé essentiel du culte musulman, ne doit pas être réduit à un cri terroriste.

 

« Je vois surtout un engagement clanique [sur le sujet du conflit israélo-palestinien]. » 

 

En matière d’immigration, il déplore les surenchères du parti Les Républicains s’opposant à une régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension alors même que certains élus locaux LR en font la demande. Néanmoins, Rafaël salue les débats actuels qui reflètent enfin une culture du compromis contre la logique verticale du présidentialisme.

« Sur l’immigration, je trouve que Les Républicains sont dans une position extrêmement caricaturale et contraire aux intérêts de tout le monde. » 

A propos des discussions sur le projet de loi de finances, Rafaël fustige une trop forte centralisation dans l’élaboration et le vote du budget mais reconnaît une certaine légitimité à l’usage du 49-3 compte tenu de la nature du texte. Toutefois, sur le fond, il soulève quelques incohérences : comment comprendre qu’un système social alimenté par un tel niveau de dépense publique et d’impôt puisse générer autant d’injustices et de pauvreté ?

 

« La question de l’efficacité de la dépense publique n’est jamais posée » 

Il critique l’inégalité générationnelle du système social au sein duquel les anciens bénéficient davantage que les jeunes de la redistribution au mépris du principe de solidarité.

A l’arrivée de Sandrine Rousseau en dernière partie d’émission, Rafaël salue publiquement EELV pour qui une réflexion autour de l’antisémitisme est essentielle au sein de la NUPES.

 

« Finalement, vous êtes plus libérale que vous ne le dîtes »  – Rafaël à Sandrine Rousseau dans Backseat

Enfin, alors que Rafaël fait remarquer, dans un sourire, à Sandrine Rousseau qu’elle fait preuve de libéralisme en se montrant favorable à moins de verticalité et plus de compromis, la députée préfère, hélas, opérer une distinction que l’on récuse, entre libéralisme économique et libéralisme sociétal.

 


Pour voir l’émission avec Rafaël, cliquer ICI.

 

Publié le 31/10/2023.

Israël/Palestine : la France face à ses émotions

Notre directeur Christophe Seltzer, dans Atlantico, ainsi que notre chargé d’études Rafaël Amselem, pour Le Point et invité de C ce soir, décryptent les effets de la crise du Proche-Orient sur la vie politique française.

 

Pour Atlantico, Christophe constate une forme d’électoralisme plutôt qu’une communautarisation de la vie politique. Contre l’idée d’une « morale » républicaine, il plaide pour une conception libérale de la laïcité et défend les principes de l’Etat de droit et de la démocratie libérale. Il impute largement les polémiques autour de la NUPES à l’esprit présidentialiste excessif de la Ve République.

Dans Le Point, Rafaël dénonce quant à lui la rhétorique pleine de tropes antisémites de certains ténors de LFI, soutenue en renfort par Rivarol – véritable baiser de la mort de l’extrême-droite à l’endroit de Jean-Luc Mélenchon. Notre chargé d’études proteste également contre le refus du mouvement d’extrême gauche de considérer le Hamas comme une organisation terroriste.

 

 

Invité à se prononcer sur l’existence d’une rupture de la société avec la démocratie libérale, Christophe estime en premier lieu qu’un croyant de toute confession ne doit pas être considéré à priori comme un individu faisant sécession avec les règles de la citoyenneté. Il interprète ainsi la loi de 1905 sur la laïcité avant tout comme une loi de liberté et non comme une restriction à la croyance religieuse.

« Il y a selon moi une confusion délétère : la laïcité en France renvoie à une loi de liberté, celle de croire ou de ne pas croire, et non pas à une morale républicaine anti-religieuse.
Il faut enseigner aux enfants la laïcité comme une liberté collective et non pas comme un combat athéiste. »

Christophe Seltzer dans Atlantico 

 

Aussi, plutôt que de constater une communautarisation de la vie politique, Christophe préfère percevoir une forme classique d’électoralisme auquel se soumet aussi bien LFI que Reconquête.

Notre directeur affirme également que l’unité républicaine n’a pas disparu et que le caractère républicain des institutions, a contrario des années 1930, n’est pas ouvertement la cible des extrêmes.

Néanmoins, aux responsables politiques (et parfois aux journalistes) tentés de surfer sur l’émotion collective, Christophe rappelle les principes démocratiques intangibles qui doivent s’imposer aussi bien par temps calme que par tempête : indépendance de la justice, liberté de manifester, liberté d’expression, droit à un procès équitable (même pour les personnes fichés S) etc…

« Depuis le 7 octobre, je ne vois pas de propos de responsables politiques à proprement parler anti-républicains sur le plan des valeurs (si tant est que ce soit un critère d’évaluation), non plus que condamnables du point de vue du droit. En revanche, je m’inquiète que l’Etat de droit soit violemment battu en brèche par des déclarations politiques à l’emporte-pièce comme par des questions de journalistes trop rapides. »

Christophe Seltzer dans Atlantico 

 

Au sujet de la NUPES, notre directeur déplore acharnement qui résulterait, pour partie, de la trop forte personnification du débat politique dans la Ve République. Il plaide donc en faveur d’un régime politique fondé sur la recherche du compromis, un rôle accru des partis et un Parlement plus fort.

« La bonne politique consiste aussi en la recherche de compromis sur des programmes sérieux compte tenu des rapports de force électoraux entre des partis politiques solides.
Dans un régime politique qui redonnerait sa place centrale au Parlement, ces unions seraient possibles, réalistes, et efficaces. »

Christophe Seltzer dans Atlantico 

 

Si Christophe reconnait que l’extrême gauche adopte une rhétorique « anti-dreyfusarde ou soralienne », il n’en demeure pas moins que ses idées contribuent de manière essentielle à un débat démocratique équilibré et que céder aux sirènes d’une police de la pensée sur des aprioris idéologiques serait une grave erreur.

En réaction à la diabolisation des opinions, Christophe défend une confrontation sereine des  courants de pensée. Pour y parvenir, il milite pour une nouvelle logique institutionnelle passant au préalable par une déprésidentialisation de la Vème République.

Dans son entretien pour l’Express, Rafaël se prononce plus précisément sur la position adoptée par La France Insoumise. Alors que l’extrême droite vient à son secours, notre chargé d’études considère que le mouvement d’extrême gauche a commis une faute politique en cédant, dans son expression, à des tropes antisémites.

« Antisémite ou pas, ce qui est certain, c’est que la France Insoumise déploie un ensemble de tropes qui, consciemment ou non, renvoient bien à de l’antisémitisme. »

Rafaël Amselem dans Le Point 

 

Reprenant les interventions et tweets successifs de Jean-Luc Mélenchon, Rafael dénonce l’équivocité d’une rhétorique considérant, d’une part, les accusations d’antisémitisme comme une volonté de nuire à la Gauche mais sous-entendant insidieusement, d’autre part, que l’attaque du Hamas ne serait que la conséquence logique de l’oppression d’un Etat hébreu conquérant.

Enfin, LFI ferait preuve d’un aveuglement coupable en et déniant le fait juif et en refusant, selon les faits, de considérer le Hamas comme une organisation terroriste et autoritaire.

« L’offensive israélienne est encadrée par un jus in bellum qui astreint l’Etat hébreu à des devoirs. Mais on ne saurait évoquer des « massacres » en ayant refusé au préalable de parler de terrorisme, a fortiori quand on connait les précautions prises par Tsahal et la manière avec laquelle le Hamas utilise ses civils comme boucliers humains. »

Rafael Amselem dans Le Point 

 

Pour autant, Rafaël garde espoir et salue les positions des derniers hussards d’une gauche encore lucide telle que Sandrine Rousseau.

« Nous ne sommes pas des pantins. Les Juifs méritent mieux. L’antiracisme mérite mieux. Les électeurs LFI méritent mieux. Tout le monde mérite mieux que cette médiocrité méprisable. »

Rafaël Amselem dans Le Point 

 


Pour lire l’entretien de Christophe, cliquer ICI.

Pour lire l’entretien de Rafaël, cliquer ICI

Pour regarder Rafaël dans l’émission C ce soir, cliquer ICI

 

Publié le 27/10/2023.

Israël : la mémoire du 7 octobre au service de la paix avec les Palestiniens ?

Dans l’Opinion, Monique Canto-Sperber analyse de manière pragmatique les objectifs contradictoires auxquels Israël est confronté et livre trois grands principes sur lesquels Israël devrait s’appuyer pour renouer avec le volontarisme d’une coexistence pacifique.

 

Pour notre présidente, si éliminer le Hamas, épargner les civils gazaouis, sauver les otages et mettre en œuvre les conditions d’une paix futur avec la Palestine sont des objectifs légitimes à poursuivre, ils apparaissent néanmoins comme contradictoires et même « vides de sens » au regard de la situation.

Pourtant, dans ce contexte, Monique estime que trois principes doivent guider l’action du gouvernement israélien pour parvenir à une solution politique réaliste.

Le premier principe repose sur la nécessité de comprendre précisément la folie meurtrière du Hamas dont les méthodes trouvent ouvertement leur source dans le souvenir macabre des pogroms et du Troisième Reich.

 

« Les terroristes ont voulu faire savoir au monde entier que les Juifs en Israël n’ont aucun droit à l’existence et que la haine de leur présence vaut comme obligation de les tuer »

Le second principe consiste à épargner les civils. En effet, le propre d’une démocratie libérale consiste, pour Monique, à « refuser le mimétisme de la vengeance et assumer de mettre des limites à sa propre action. ». Israël ne peut donc se compromettre dans un bain de sang qui éclabousserait son image et sa crédibilité.

 

« (..) épargner les civils, c’est d’abord l’exigence de ne jamais les viser comme tels. De ce point de vue, le nombre de morts est une chose, mais la façon dont ils sont morts est au moins aussi importante »

Le troisième principe vise, quant à lui, à préserver l’avenir. L’Etat Hébreux, devenu vulnérable, se voit désormais dans l’obligation de trouver le moyen de parvenir à une « coexistence pacifiée » avec ses voisins.

 

« Il faut renouer maintenant avec un volontarisme du dialogue, prudent et sans illusions. »

Enfin, Monique invite à substituer le « pessimisme historique délétère » de la politique menée par Benjamin Netanyahou depuis vingt ans par une volonté puissante de dialogue fondée sur la prudence et l’absence d’illusions. En ce sens, la mémoire douloureuse de cette tragédie pourrait paradoxalement constituer les fondations d’une paix nouvelle avec les Palestiniens.

 


Pour lire la chronique de Monique, cliquer ICI.

 

Publié le 24/10/2023.

Presse : l’honnêteté plutôt que l’objectivité

Dans une édition spéciale rédigée par les anciens du JDD, notre fondateur Gaspard Koenig imagine la mise en place d’un « doctrinomètre » permettant aux citoyens de jauger la transparence de leurs media. 

 

Pour Gaspard, il n’existe pas « d’information brute, objective, indiscutable ». Il rappelle qu’il est normal de retrouver une certaine subjectivité dans la presse car les faits y sont exposés par des journalistes selon un penchant idéologique tout à fait naturel. Il ne faut pas le nier, simplement le respecter. Parfois exprimé de manière inconsciente, chaque point de vue est légitime à exister et à être rendu public, à condition qu’il soit intellectuellement honnête. Il ne faut donc pas s’insurger d’une éventuelle partialité de nos media mais au contraire se féliciter de disposer d’un large éventail de sources d’information.

« Ce que l’on doit exiger du journalisme, ce n’est pas l’objectivité mais l’honnêteté. »

 

Gaspard, qui ne cesse de défendre ses idées dans des journaux de tous bords politiques, rappelle « qu’il y en a pour tous les goûts ». Fervent partisan de la liberté d’expression, Gaspard se dit être choqué par la récente affaire du JDD. Il ne s’oppose pas à la volonté d’un homme (aussi riche soit-il) de posséder un media « pour défendre des positions de droite radicale ». La radicalité a bel et bien sa place dans le débat public. Pourtant, le philosophe trouve « impardonnable » la stratégie mise en place par l’actionnaire du JDD qui a infiltré un journal historique pour « promouvoir des valeurs contraires à sa raison d’être ».

 

« Il ne serait peut-être pas absurde qu’au nom de la transparence, la loi impose une forme de profession de foi détaillant le positionnement éditorial, ainsi que l’ensemble des sources de financement d’un journal (…). »

 

Opposé à ce que le Gouvernement régule la presse au nom d’une vérité introuvable, Gaspard imagine l’instauration d’un outil, le « doctrinomètre » qui permettrait à chaque citoyen de jauger l’intégrité et la transparence des media. Les journaux seraient donc tenus de publiciser une « profession de foi » indiquant le positionnement éditorial et les sources de financement.

« Il ne faut surtout pas, comme cela semble être la tentation du gouvernement, réguler la presse en fonction d’un critère de vérité. »

 

Notre fondateur suggère aussi que les rédactions puissent se prémunir contre l’intervention de l’actionnaire dans leur travail quotidien. Enfin, il défend le rôle de l’antitrust européen pour éviter l’émergence de groupes de presse oligopolistiques : la concurrence reste la meilleure réponse !

« Aux journalistes de nous convaincre de leur sérieux, de leur talent et de leur professionnalisme. S’il n’y a que des interprétations, à nous de choisir les meilleures ! »

 


Pour lire la tribune de Gaspard, cliquer ICI.

 

Publié le 20/10/2023.

Tout le monde a le droit de manifester

Dans une tribune pour Le Figaro, notre chargé d’études Rafaël Amselem s’oppose fermement, au nom des libertés publiques, à l’interdiction systématique des manifestations propalestiniennes. 

 

Pour Rafaël, juif, sioniste et aussi fervent défenseur des libertés publiques, les manifestations propalestiniennes méritent d’être organisées. En effet, il rappelle le droit pour tout citoyen français de soutenir les Palestiniens. Il rappelle que « la liberté est première, et la restriction l’exception ». Il nous rappelle aussi les droits des citoyens dans un État libéral, entre autre le droit de manifester. Cependant, il n’est pas contre une interdiction au cas par cas (plutôt que systématique), « en faisant la preuve de la proportionnalité de la mesure », notamment dans le cas où certaines manifestations propalestiniennes débouchent sur des débordements antisémites, desquels il faudra protéger les juifs de France.

« On ne saurait donc tolérer les interdictions à l’emporte-pièce, sauf à considérer que le gouvernement peut conditionner la liberté, ce qui revient en réalité à dire qu’il n’existe pas de liberté tout court. »

 

Rafaël rappelle que ces dérives ne sauraient advenir s’il n’existait pas un narratif antisionniste, qui ancre l’État juif dans une posture de colonisateur et les Palestiniens en victimes. Notre chargé d’études s’inquiète aussi de la situation humanitaire préoccupante en Palestine et rappelle qu’un soutien à la Palestine n’est pas assimilable à un soutien au Hamas. Au contraire, la radicalité se doit d’être présente dans le débat tant « qu’elle se contente d’elle même ».

« Soutenir les Palestiniens est un droit. Encore heureux que des citoyens puissent exprimer leur émotion. »

 

Le pouvoir doit être conscient des impératifs de liberté. Rafaël soutient que le droit est à la disposition de la société et non de l’État. Par ailleurs, se tiendront tout de même certaines manifestations interdites plus révoltées sûrement car les citoyens s’étaient vu interdire un droit fondamental. L’ordre public devra toujours surveiller et protéger ses concitoyens juifs si débordements lors des manifestations propalestiniennes il y a.

« S’il y a une liberté de manifester, il y a aussi un ordre public, et des juifs légitimement inquiets face à la montée de l’antisémitisme : leur liberté compte aussi. »

 


Pour lire la tribune de Rafaël, cliquer ICI.

 

Publié le 18/10/2023.

Trop de bureaucratie tue la démocratie

« Droit à la subsistance » contre RSA conditionné, défense de l’immigration et opposition à la reconnaissance faciale pour les JO… : en débat avec la Défenseur des Droits Claire Hédon, notre fondateur Gaspard Koenig appelle à lutter contre la bureaucratie pour sauver nos libertés.

 

Pour commencer, Gaspard dénonce le RSA conditionné à 15 heures d’activité obligatoires. Le philosophe remarque qu’en France, la tendance est d’insister de plus en plus sur les devoirs et de moins en moins sur les droits. Pourtant, Gaspard rappelle que nos droits politiques sont inconditionnels et absolus, même s’ils impliquent parfois une restriction de certaines actions. Il dénonce « une mauvaise forme de paternalisme ».

« Le discours actuel de l’ensemble de la classe politique, en ce qui concerne les droits et les devoirs des citoyens, est totalement fou par rapport à l’État de droit. »

 

Gaspard appelle à laisser tout individu qui le souhaite « vivre dans sa marge », car notre société libre se doit de respecter les valeurs et différences de chacun pour ainsi vivre en harmonie. Selon Gaspard, notre diversité est un « acquis de nos démocraties » et un progrès pour l’Humanité. Il explique ainsi s’opposer au fameux discours de « l’imposition forcée » de valeurs communes et républicaines qui ne sert, in fine, que de prétexte à une verticalité décisionnelle et nous éloigne de notre idéal de société.

Notre fondateur soulève qu’en France nombres d’études et de réflexions ont démontré que l’attachement à la liberté s’effrite un peu. En effet, deux français sur trois seraient prêts à céder en matière de libertés publiques et/ou individuelles si la sécurité du pays est en jeu et lorsqu’on évoque le triptyque de la République française, l’égalité et la fraternité devancent bien largement la liberté.

« Sur le plan de la société politique, nous avons des droits sans contre-partie, c’est même le fondement de nos démocraties. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, ça n’est pas la Déclaration des Droits et des devoirs du Citoyen. »

 

Aussi, notre fondateur se penche sur les écrits de Thomas Paine, qui en 1796, a analysé la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Ce dernier a soulevé un droit fondamental manquant : le droit à la subsistance. Selon la définition de Gaspard, il s’agit là d’un droit « réel plutôt que formel ». Chaque citoyen a besoin d’un minimum vital qui sécurise son existence dans ce qu’elle a de plus biologique. Ainsi, Gaspard défend notre proposition de revenu universel, « absolu et sans contre-partie ».

Si Gaspard reconnaît que la mise en place successive d’allocations telles que le RSA ou encore le RMI est un progrès, il dénonce la récente « conditionnalisation » du RSA nous fait rebrousser chemin. Gaspard s’oppose à l’idée qu’on octroie une aide seulement avec une contre-partie. Cela tend à enfermer les allocataires dans leur statut de « pauvres » et les empêche de se libérer et de s’émanciper.

« Ce droit à la subsistance est le début d’un concept qu’on retrouve chez Thomas Paine, qui est le revenu universel, le droit absolu et sans contre-partie d’avoir un minimum vital. »

 

Gaspard appelle à la simplification ! Pour lui, chaque droit devrait être « compréhensif et simple » pour chaque citoyen. La question de la bureaucratisation est une des questions centrales de notre société, « une question existentielle ». Derrière cette pression normative se cache en réalité une volonté de la part de l’État d’avoir plus de contrôle et de se préserver du risque. Gaspard estime que nous sommes arrivés à un stade de saturation tel que le politique ne peut plus changer. Le paradigme politique en place nous pousse vers toujours plus de complexité, toujours plus de normes, et finalement, toujours plus d’inégalités. En effet, les moins touchés sont les individus proches des sources de pouvoir et d’information. Les premières victimes sont les « individus au bout de la chaîne »…

« Cette inflation normative génère des inégalités profondes. Le problème administratif n’est pas un problème de bourgeois, c’est un problème de justice sociale. »

 

Pour le philosophe, l’immigration représente aujourd’hui la question bureaucratique par excellence. Il souligne le paradoxe que « pour travailler il faut des papiers, mais pour avoir des papiers il faut travailler ». Entre illégalité et arbitraire, notre système ne facilite pas l’arrivée et l’accueil digne et efficace des étrangers sur notre sol.

« Généralement, quand on a traversé des mers et qu’on arrive dans un pays, on veut bosser, pas glander au RSA. »

 

Pour finir, Gaspard s’inquiète des dangers de l’intelligence artificielle. En ce qui concerne la bureaucratie, l’IA est une ennemie : elle permet en réalité d’augmenter et de complexifier les normes. Il se penche sur la question de l’utilisation de caméras à reconnaissance faciale lors des JO. Pour Gaspard, pas de débat : il s’y oppose fermement ! À l’aune des écrits de Tocqueville et Graeber, Gaspard veut lutter contre « le despotisme démocratique, à l’ombre des libertés fondamentales et de la souveraineté du peuple ». Même si nos lois sont démocratiquement décidées, elles nous contraignent dans l’exercice de nos libertés. Le degré d’intrusion du droit dans nos vies est donc un levier à reconsidérer.

« Le but d’une société libre est de laisser quiconque le souhaite marcher à contre-sens. » 

 


Pour écouter la table ronde, cliquer ICI.

Pour (re)découvrir notre proposition de revenu universel, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre rapport « Pour une révolution normative », cliquer ICI.

 

Publié le 03/10/2023.

Légalisation du cannabis : après l’Allemagne, la France ?

Au micro de la radio belge RTBF, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou se félicite de l’avancée de nos voisins allemands vers la légalisation du cannabis. La France, bientôt cernée, saura-t-elle trouver la voie de la raison (libérale) ?

 

L’Allemagne veut instaurer des « cannabis social club », c’est-à-dire des lieux de pratique collective de l’auto-culture. Il s’agit en réalité d’un pas de plus vers l’objectif réel : la mise en place d’un modèle plus industriel comme aux États-Unis ou au Canada. L’Allemagne (tout comme les Pays-Bas et le Danemark) a d’ailleurs inscrit dans son projet de loi une expérimentation de ce mode de consommation. Néanmoins, la Commission européenne y est fermement opposée, au nom du droit communautaire et international. Sacha espère que cette décision allemande fera avancer le débat en Europe.

 

À visée avant tout sanitaire et sécuritaire, ce modèle industriel ferait reculer le crime organisé et le trafic de stupéfiants. En effet, le prix de vente devrait concurrencer le prix du marché noir. Sacha rappelle donc que les pays ayant mis en place ce genre de réformes se sont vus améliorer leur sécurité ainsi que leur qualité de santé publique. Quant aux jeunes (18-21 ans), il apparaît nécessaire de les protéger car on estime que leur cerveau est encore en formation jusqu’aux 25 ans. Pourtant on s’aperçoit que les jeunes fument plus, et ce, de plus en plus tôt. Il faut donc limiter leur accès au cannabis (autorisation de 30g par mois). La limitation est aussi valable pour les adultes, car ces cannabis social club vont permettre d’apporter des moyens de contrôle à cette culture (exigeante) du cannabis et au respect des bonnes pratiques. Il s’agit là du principal enjeu de cette réforme sur le plan sanitaire.

 

Sacha se penche aussi sur les conventions internationales qui entourent la consommation de cannabis, notamment la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. À la suite de la Guerre de l’Opium, les États-Unis ont connu un tournant puritain et ont été les instigateurs de cette convention. L’Union européenne avait ainsi calqué les obligations internationales de ses membres sur cette convention par une décision du Conseil en 2014. Ainsi, le droit prévoit que les États membres se doivent de réprimer les trafics de stupéfiants, mais cette convention prévoit aussi une exception concernant l’auto-culture. Le droit international étant souvent une question de rapport de force, les interprétations des conventions sont multiples. Ainsi, Sacha nous explique que même si la convention interdit de fait le modèle industriel, cette interdiction n’est pas vraiment explicite et visait initialement avant tout à marginaliser les pays producteurs (Afghanistan, Colombie…).

 

Aux yeux de Sacha, la France risque d’être confrontée à un problème de taille à l’avenir car nombre de ses voisins vont légaliser le cannabis récréatif. D’ici cinq ans, nous serons cernés de pays qui auront avancé vers la voie de la légalisation car il s’agit d’une tendance de fond pour tous les membres de l’Union européenne. Pourtant, le journaliste qui interroge Sacha s’inquiète de certaines dérives et le questionne sur l’« effet d’aubaine » à la suite de la légalisation, notamment pour la consommation d’autres drogues. Sacha est plutôt optimiste car une étude menée dans l’État de Washington a montré la diminution générale de la consommation d’autres substances lorsque le cannabis était autorisé.

 


Pour écouter l’émission, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre rapport « Pour un marché libre du cannabis en France », cliquer ICI.

 

Publié le 02/10/2023.

Décentralisons l’école pour de meilleurs résultats

Dans sa chronique pour l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber veut croire en une nouvelle chance pour l’autonomie grâce à l’entrée « métaphorique » de l’Éducation nationale dans le domaine réservé du président de la République.

 

Désormais, l’éducation appartient au Président (symboliquement en tout cas…). C’est ainsi que cette rentrée 2023 débute, sous le signe du compromis et du renouveau. En tout cas, c’est ce qu’espère farouchement Monique. Ce domaine, dans lequel se joue « la survie et l’intégrité de la nation », se trouve au coeur de tous nos débats et permettrait surtout de résoudre nombre de problématiques. Monique rappelle d’ailleurs la corrélation entre la qualité de l’éducation dispensée dans un pays et son succès économique. Face aux inégalités, elle souligne aussi le caractère social d’une politique éducative efficace : elle se fait vecteur d’ascension.

« L’éducation semblerait être devenue le couteau suisse permettant de remédier à tout ce qui ne va pas chez nous : les fausses informations, la mobilité sociale enrayée, la séduction du populisme, le regain d’influence des climato-sceptiques (…). »

 

En ces temps de mutations rapides de nos sociétés, Monique rappelle la puissance de l’éducation. Entre intelligence artificielle et disparition de nombreux secteurs, « une éducation solide facilitera les réorientations et permettra surtout d’inventer de nouveaux métiers et des formes inédites d’activités sociales ».

Plus qu’un enjeu économique, l’éducation apparaît pour Monique comme un enjeu démocratique et politique, « un enjeu national ». Elle estime que l’éducation forge et forme chaque citoyen dans une volonté de « rationalité partagée ». Pourtant, Monique s’inquiète du niveau actuel de l’école en France qui ne cesse de se dégrader et appelle à « une initiative résolue du chef de l’État ».

« Que les savoirs fondamentaux soient solidement acquis, que tous les élèves aient les mêmes chances de réussite, que les plus fragiles soient portés au plus loin de leurs capacités et que les meilleurs puissent exceller, tels sont les objectifs à atteindre. »

 

Pour ce faire, Monique liste trois solutions. Tout d’abord, l’Éducation nationale doit être décentralisée. Nos élèves ne doivent pas être victimes de leurs origines sociales. Ensuite, elle appelle à revenir aux fondamentaux : langue française, esprit scientifique, culture générale… Quant à la question épineuse de la formation des enseignants, Monique se veut flexible mais intransigeante : elle devra être « certifiée de manière indépendante au moment du recrutement ».

« La France était, disait Thibaudet, la république des professeurs, elle va bientôt devenir la république sans professeurs en raison de la dégradation de leur situation sociale et professionnelle et du manque d’exigences dans les objectifs de formation. »

 

La méthode de « l’uniformisme et du centralisme », qui a présidé à la massification scolaire dans les années 70, n’a pas fait ses preuves. Il est donc temps d’en finir. Notre présidente plaide pour une « véritable autonomie stratégique » : plus de liberté et de pouvoir de décision aux chefs d’établissement et leurs équipes. Leur faire confiance apparaît plus que nécessaire, car ils sont les plus à même de déterminer les besoins et enjeux réels sur le terrain.

« Quel beau paradoxe serait que la revendication de ce domaine réservé par le chef de l’État le conduise à reconnaître la responsabilité des acteurs de terrain dans le lieu même où l’éducation est, pour chaque élève, un défi particulier, et plus seulement une cause nationale. »

 


Pour lire la chronique de Monique, cliquer ICI.

 

Publié le 28/09/2023.

Pornographie : réguler plutôt qu’interdire

Dans un excellent article pour AOC, notre expert Daniel Borrillo s’oppose au caractère abolitionniste du dernier rapport du Sénat sur la pornographie, au nom de la défense des libertés publiques et des droits fondamentaux. 

 

Il y a près d’un an (le 28 septembre 2022), le Sénat dévoilait un rapport intitulé « Porno : l’enfer du décor ». Ce rapport trans-partisan, porté par Laurence Rossignol, Annick Billon, Alexandra Borchio-Fontimp et Laurence Cohen, fait de la lutte contre la violence pornographique une priorité de politique publique. L’objectif est simple : abolir l’industrie du porno.

« Comme toute idéologie, le prohibitionnisme vise l’absolu (la disparition de la pornographie) et refuse tout compromis tendant à améliorer les conditions de production et distribution d’images érotiques. »

 

Daniel, juriste et fervent défenseur des droits fondamentaux, dénonce une ingérence illégitime de l’État et une « violation à la vie privée, à la liberté d’expression, à la liberté de commerce et à celle d’industrie ». Bien entendu, Daniel rejoint la lutte contre la pédopornographie et la diffusion d’images aux mineurs, ainsi que contre certains modes de fonctionnement abusifs de cette industrie. Néanmoins, il refuse les amalgames faits par les pro-abolitionnistes quant à la consommation d’images pornographiques par des adultes. 

« La lutte contre la prostitution et la pornographie (et plus généralement contre la liberté sexuelle) est menée de nos jours par des associations féministes radicales et de femmes politiques « progressistes » lesquelles prétendent imposer une morale sexuelle non pas au nom des bonnes mœurs mais en invoquant la dignité humaine. »

 

Le rapport, qui se prétend être une nouveauté dans la « bibliographie institutionnelle », propose une définition de la pornographie biaisée. Les rapporteures entretiennent une confusion entre les abus liés à ce domaine et l’activité elle-même. L’activité pornographique est assimilée à une violence systémique faite aux femmes, inscrite dans une culture du viol au sein de notre société. Daniel appelle à se détacher de cette notion de « culture du viol », qui, utilisée comme un outil militant, « transforme la violence individuelle en une arme du patriarcat pour dominer les femmes ». 

« S’il est possible de faire la distinction entre fiction et réalité lorsqu’il s’agit de films de guerre pourquoi serait-il impossible de la faire s’agissant de films de cul ? »

 

In fine, Daniel dénonce un rapport vide de propositions qui pourraient réellement améliorer les conditions de travail des acteurs. À l’image de la loi de 2016 sur le travail du sexe, la répression y est la seule solution envisagée. Une fois de plus, l’idéologie prohibitionniste choisit « l’État punitif comme arme politique ». 

« Au nom de la dignité humaine, de la protection de la jeunesse ou de la lutte contre les violences sexistes se cache une entreprise aussi paternaliste que puritaine. »

 

Du point de vue de Daniel, la pornographie devrait être considérée comme « une manifestation de la liberté d’expression ». La volonté d’abolir la pornographie serait liberticide et surtout inefficace. Daniel ne nie pas les abus dénoncés dans cette industrie mais appelle à les solutionner plutôt que d’interdire son exercice. Il souhaite donc faire entrer l’industrie de la pornographie dans le droit commun, au même titre que le travail du sexe. Entre régulation du statut des acteurs et respect de la liberté de commerce, cela permettrait ainsi de professionnaliser le secteur et d’en réduire les effets néfastes.

« Le meilleur moyen de mettre fin aux abus de l’industrie pornographie c’est de la faire entrer dans le droit commun. »

 


Pour lire l’article de Daniel, cliquer ICI.

Pour (re)lire notre ouvrage « La famille par contrat », cliquer ICI.

 

Publié le 19/09/2023.

Abaya un problème

Dans sa chronique pour Contrepoints, notre responsable des relations institutionnelles Sacha Benhamou s’inquiète que l’interdiction de l’abaya abîme la liberté sans pour autant contrer le développement du fondamentalisme islamique. 

 

Peu de libéraux se sont attaqués à la question épineuse de l’interdiction des abayas à l’école. Pour Sacha, les comportements individuels (ici le port de l’abaya) ne représentent pas une menace à notre République et ses valeurs. Il explique que la laïcité relève d’un « état d’esprit » et ne se réduit pas à une succession de lois, parfois perçues comme de réelles persécutions, qui vont à l’encontre de notre modèle libéral. 

« On peut douter du fait que le port d’un voile ou d’une abaya par un ou des élèves soient de nature à influencer ses camarades, ou même à nuire à l’enseignement, dont la dégradation est une vraie préoccupation pour tous les parents. »

 

Sacha s’inquiète principalement du risque d’arbitraire dans cette décision d’interdire l’abaya. En effet, comment distinguer une simple robe longue commercialisée par les grandes firmes occidentales, d’une abaya importée du Golfe ? Le critère d’appréciation relèvera donc automatiquement du « préjugé » du corps enseignant et donc, de critères purement arbitraires liés au profil des jeunes femmes qui la portent. En qualité de libéral engagé, Sacha refuse d’accorder une légitimité à cette interdiction au nom de la laïcité, puisqu’elle « vise en réalité à lutter contre une expression culturelle, ce à quoi les libéraux complets ne pourront pas se résoudre ». 

« Avec l’abaya, le risque d’arbitraire est plus présent que jamais. (…) Faudra-t-il aller jusqu’à interdire la pudeur ? »

 

S’il ne s’oppose pas au port de l’abaya, sous quelque motif que ce soit (par foi ou par pudeur), Sacha appelle à recentrer le débat sur la lutte contre le fondamentalisme. Il s’agit bien évidemment du combat principal que nous devons mener, sans accuser les jeunes filles portant l’abaya d’en faire partie mais en les protégeant d’une « stratégie de subversion de la démocratie libérale par des mouvances fréristes ou fondamentalistes » dont elles sont parfois les instruments. 

« Si l’islamisme s’accommode de la démocratie libérale tant qu’il peut retourner ses armes contre elle, elle n’a survécu nulle part où il a dominé. »

 

Sacha s’inquiète comme nous tous de la progression du fondamentalisme religieux, qui lui, met en danger notre modèle de démocratie libérale. Il appelle donc à proposer d’autres solutions, plus respectueuses de notre doctrine, qui viseraient à lutter contre l’extrémisme et ne seraient pas inscrites dans une simple « guerre culturelle ». L’objectif est de lutter contre « tout mouvement identitaire » opposé à nos valeurs démocratiques. 

« Ce jeu de rapport de force entre les provocations islamistes et les interventions législatives ne résoudra rien. (…) Par ailleurs, combattre les manifestations religieuses, c’est ne s’attaquer qu’aux symptômes. »

 

Le fondamentalisme ne pouvant être combattu par la loi, Sacha rappelle l’importance de défendre notre démocratie face à un « front anti-occidental ». Il faut renforcer notre discours occidental afin de rendre notre modèle « désirable et fédérateur ». 

« Nous devons réenchanter l’idée de la liberté comme source de progrès social et humain, faire entendre que la liberté individuelle n’est pas un déracinement mais la possibilité de revendiquer des racines complexes et entremêlées pour se soustraire au conformisme du clan. »

 


Pour lire la chronique de Sacha, cliquer ICI.

 

Publié le 15/09/2023.

S'inscrire à la Newsletter