[Lu-ailleurs] – La Cour des comptes tire la sonnette d’alarme

Dans son dernier rapport publié en juin 2020, la Cour des comptes pointe notre incapacité à maitriser nos finances publiques.

 

L’institution constate d’abord que la France a été incapable, depuis la crise économique de 2008, de redresser les finances publiques. Cette mauvaise gestion a certainement accentuée les conséquences économiques de la crise du Covid-19. Elle propose donc quelques grands principes pour assainir le budget de l’État.


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Pour lire « Et si on reprenait le contrôle de nos finances publiques ? », cliquer ICI.

 

Publié le 03/07/2020.

Gaspard Koenig sur les traces de Montaigne

Cette semaine, Gaspard Koenig écrit sa dernière chronique de la saison pour Les Echos. Il part pour un voyage de quatre mois à cheval sur les traces de Montaigne. À partir de septembre, il publiera une série d’article sur la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. 

 

En 1580, Montaigne a entrepris un long voyage à cheval d’un an et demi à travers l’Europe. Un peu plus de quatre siècles plus tard, Gaspard emprunte le même itinéraire, de Saint-Michel-de-Montaigne à Rome. Cinq mois de cavalcade en autonomie, pour rencontrer les européens.

Nous vivons une période troublée, entre succession d’états d’urgences, crise climatique, menaces sur la liberté d’expression… C’est le moment opportun pour se replonger dans la déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen (DDHC) de 1789.

« Si elle a valeur constitutionnelle depuis 1971, la Déclaration est bien malmenée par nos dirigeants aux instincts dirigistes, ainsi que par les citoyens dans leur désir sans cesse renaissant de servitude volontaire. » Gaspard Koenig

Marx accusait la DDHC d’être la profession de foi des hommes égoïstes. Mais il confondait égoïsme et individualisme. Protéger les libertés fondamentales à l’échelle de l’individu n’empêche pas ces individus de faire preuve d’altruisme, de générosité et de bienfaisance.

L’État moderne a été inventé par les révolutionnaires pour garantir ces nouvelles libertés. L’objectif était d’émanciper le citoyen des corps intermédiaires qui l’opprimaient, tout en gardant l’interpénétration de l’intérêt particulier et de l’intérêt général.

« La vertu de la déclaration est d’avoir mis l’homme au centre de la gouvernance publique, en lui conférant les droits nécessaires pour penser, agir et vivre par lui-même. » Gaspard Koenig

Les libéraux d’aujourd’hui, qui versent souvent dans un rejet systématique de l’État, oublient un peu vite sa vocation émancipatrice originelle. Ce n’est pas un hasard si Adam Smith lui-même, dans « La Richesse des Nations », a développé une théorie du gouvernement.

Gaspard nous rappelle donc ces mots d’Émile Durkheim : « c’est l’État qui, à mesure qu’il a pris de la force, a affranchi l’individu des groupes particuliers et locaux qui tendaient à l’absorber, famille, cité, corporation, etc. L’individualisme a marché au même pas que l’étatisme. »


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Publié le 01/07/2020.

Une présidence pour relancer la construction européenne ?

Le 1er juillet 2020, l’Allemagne prend la présidence du Conseil de l’Union européenne. Pour Maxime Sbaihi dans l’Opinion, le leadership allemand arrive à point nommé pour amorcer une nouvelle phase de la construction européenne.

 

Grâce à sa décentralisation politique et hospitalière, l’Allemagne a réussi à juguler l’épidémie bien plus efficacement que la France.

La gestion économique de la crise par le gouvernement d’Angela Merkel est tout aussi exemplaire. Grâce à des finances publiques saines, l’Allemagne a rapidement mis en place un plan de relance cohérent et équilibré.

« Pragmatisme, coopération et sang-froid : les réflexes de l’Allemagne sont précisément ceux dont l’Europe a besoin aujourd’hui. » Maxime Sbaihi

Maxime se réjouit de voir l’Allemagne retrouver son esprit européen : elle accepte enfin la mise en place d’un outil de financement commun à l’échelle européenne.


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Pour  lire la chronique « L’Europe sortira plus forte de la crise », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Europa : dépasser le nationalisme », cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Vers l’auto-entrepreneur européen ? », cliquer ICI.

 

 

Publié le 30/06/2020.

[Lu-ailleurs] – Pas de liberté d’expression sans liberté d’offenser

Pour Daniel Borrillo dans Contrepoints, la restriction des libertés à l’occasion de la crise sanitaire et la loi Avia sont autant de manifestations de la culture politique paternaliste française.

 

Pour Daniel Borrillo, la loi Avia s’inscrit dans un contexte de multiplication des initiatives gouvernementales pour limiter le droit de la presse (la loi de 2018 sur les fakes news par exemple).

La censure de la loi par le Conseil constitutionnel a évité que s’ajoute à la crise sanitaire une crise démocratique. Il nous rappelle l’importance de deux principes fondateurs de la démocratie : la liberté d’expression et la liberté de conscience.

La loi Avia remet en question le principe selon lequel l’État n’a pas d’opinion, et doit donc les tolérer toutes.

Bien sûr, la liberté d’expression, comme toutes les libertés, n’est pas absolue. Il existe donc des limites qui sont sanctionnées par la loi pénale : incitation à la haine, diffusion d’images pédopornographiques…

Malheureusement, les réseaux sociaux facilitent ces infractions. Pour Daniel Borrillo, c’est à cela que la loi aurait du s’attaquer plutôt que de délèguer dangereusement le pouvoir de censure aux plateformes en ligne.

Jusqu’alors, la loi établissait un contrôle a posteriori de l’infraction. Avec la loi Avia, les plateformes établiraient un dispositif préventif que l’on peut assimiler à une censure de la parole par des algorithmes.

« Sans outrage, sans provocation, sans subversion, il n’y a pas de liberté d’expression. Rendre celle-ci inoffensive c’est tout simplement la faire disparaître. » Daniel Borrillo

Ce contrôle préventif trouve sa source dans une incompréhension générale de la liberté d’expression. Pour Daniel Borrillo, il est compliqué de vivre avec la liberté de parole car elle implique d’accepter qu’autrui puisse nous faire du tort, nous heurter.


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Pour lire la chronique de Gaspard Koenig « Black Lives Matter, héritier des Lumières ? », cliquer ICI.

 

Publié le 26/06/2020.

Demain, tous végans ?

Dans Les Echos, Gaspard Koenig se réjouit des perspectives qu’ouvrent le progrès des techniques de fabrications de la « viande de synthèse ». Elle permet d’éviter les souffrances animales tout en respectant l’environnement.

 

Pour le cabinet AT Kearney, la majorité de la viande que nous mangerons en 2040 ne proviendra pas de la chair animale mais des laboratoires. Cette « viande de synthèse » devrait même avoir un coût de production moins élevé que celui de la viande traditionnelle.

« La viande de synthèse ouvre la voie à un monde affranchi de la souffrance animale, réconciliant technologie, innovation et respect des êtres sensibles. » Gaspard Koenig

Le combat pour l’égalité des droits pourrait bien s’étendre à l’ensemble du vivant. Pour Peter Singer, auteur de « Animal Liberation », c’est non pas la faculté de raisonner qui devrait ouvrir des droits, mais la capacité à souffrir. Dans la logique du philosophe utilitariste, l’égalité suppose donc une égalité de considération plutôt que de traitement.

« Le droit des animaux n’implique pas de leur donner le droit de vote, mais d’éliminer la cruauté à leur égard. » Gaspard Koenig

Pour Peter Singer, il faut faire la distinction entre l’exigence de bien-être et l’interdiction de tuer : la première doit s’appliquer universellement et la deuxième doit faire l’objet d’un contrat social entre humains.

Il n’existe donc pas de raison éthique de ne pas consommer un animal ayant passé son existence dans un environnement sain et ayant été abattu sans douleur. Ainsi, le végétarisme se garde bien d’être érigé en règle morale universelle.

« Pour un goût équivalent, je préfère que les nuggets, lasagnes, hamburgers et autres sauces bolognaises viennent de laboratoires astiqués que d’abattoirs ensanglantés. » Gaspard Koenig

La viande de synthèse pourrait bien changer la donne. Elle pourrait combler la demande grandissante de consommation de viande, tandis que la viande traditionnelle deviendrait un bien rare car produit dans des conditions éthiques et écologiques.

 


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Publié le 24/06/2020.

Décentralisation : M. le Président, on a ce qu’il vous faut !

Dans sa dernière allocution, Emmanuel Macron a déclaré que « tout ne peut pas être décidé si souvent à Paris ». Dans Le Figaro, Maxime Sbaihi se réjouit de cet élan girondin et propose d’établir le principe de « subsidiarité ascendante ».

 

Dans L’Express et dans une table ronde organisée par Les Assises de l’Avenir, notre expert Raul Magni-Berton détaille cette proposition : que les collectivités territoriales puissent s’auto-saisir des compétences de leur choix.

Si l’idée de la décentralisation n’est pas nouvelle, sa mise en oeuvre a toujours échoué. Pour Maxime, c’est toujours la même histoire : l’État central transfère des compétences aux échelons inférieurs, sans les consulter et sans leur donner d’autonomie fiscale.

Pour briser ce rapport malsain de dépendance financière entre les communes et l’État, GenerationLibre propose d’inverser la logique qui prévaut depuis plusieurs décennies en matière de décentralisation.

« Le principe de «subsidiarité ascendante» permet à chaque commune de choisir elle-même ses compétences dans le domaine non-régalien. » Maxime Sbaihi

Cette petite révolution ne nécessite ni changement de régime, ni réécriture de la Constitution. Il suffit de modifier l’article L. 1111-8-1 du Code général des collectivités territoriales.

Une véritable décentralisation permettra de faire émerger une nouvelle organisation territoriale plus respectueuse des maires et de la diversité de nos territoires. Sans remettre en cause l’unité du pays.

Avec la subsidiarité ascendante, une mairie pourra gérer elle-même un collège, et une région pourra si elle le souhaite piloter ses agences Pôle Emploi.

« Si la ville de Chartres demande de prendre en main la gestion de sa cathédrale, elle pourra l’obtenir à ses conditions et avec le budget nécessaire. » Raul Magni-Berton

Pour Raul Magni-Berton, notre proposition offre un avantage considérable : le système est constamment révisable et incite à la prudence et à la responsabilisation des différents échelons de l’administration.

Il explique également en quoi il est faux de penser que la décentralisation produit forcément des inégalités.

 

 

Alors que le jacobinisme a montré ses limites à l’occasion de la crise sanitaire, il est temps de donner sa chance au girondisme !


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Pour lire l’entretien de Raul Magni-Berton dans l’Express, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Le pouvoir aux communes », cliquer ICI.

 

Publié le 24/06/2020.

[Lu-ailleurs] – « Je crois encore aux vertus de la France universaliste. »

Dans un entretien donné au Figaro, l’essayiste Abnousse Shalmani regrette la dérive du nouvel antiracisme, « un racisme déguisé en humanisme ».

 

Si Abnousse Shalmani se réjouit de constater que le racisme ne passe plus et provoque l’indignation partout dans le monde, elle refuse d’importer sur le sol français la question raciale américaine. Elle affirme qu’il existe une différence d’histoire mais aussi de culture du maintien de l’ordre.

Elle rejette également l’idée d’un racisme systémique en France. Selon elle, ce serait insulter la mémoire de ceux qui sont nés ailleurs mais qui ont fait la France : du député Gégésippe Jean Légitimus à Christiane Taubira en passant par Guillaume Apollinaire et Aimé Césaire.

Elle souscrit donc à la théorie du chercheur Mark Lilla, qui dénonce les errements de la gauche américaine. Avec eux, la dénonciation des inégalités s’est insidieusement transformée en discours identitaire, qui est à l’opposé de l’universalisme.

« Si nous ne nous dressons pas, immédiatement et fermement, face à cette injonction au déterminisme racial, nous allons perdre la plus belle des idées née en France: la possibilité de l’émancipation. » Abnousse Shalmani

Abnousse Shalmani refuse de tomber dans le double piège de la victimisation et de l’essentialisation. Au contraire, elle affirme qu’un individu devrait être ce qu’il choisit d’être.

« Ce dont nous avons besoin, c’est d’une réforme de l’éducation, mais aussi d’un nouveau contrat social qui assure à chaque citoyen l’accès au savoir et à la liberté de choisir son destin. » Abnousse Shalmani

Qu’il n’existe pas de racisme d’état en France ne signifie pas qu’il n’y a pas de racisme. Il reste encore beaucoup à faire pour se séparer de ce poison, mais aux yeux d’Abnousse Shalmani, le « séparatisme » ne sera d’aucune utilité.

« Combattre le racisme en usant d’un vocabulaire raciste n’est pas de l’antiracisme, mais le renouveau de la ségrégation. » Abnousse Shalmani


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Pour lire la chronique de Gaspard Koenig « Black Lives Matters, héritier des Lumières ? », cliquer ICI.

 

Publié le 19/06/2020.

La France attend encore son Elon Musk

Dans l’Opinion, Maxime Sbaihi brosse le portrait d’Elon Musk. Entre disruption, audace et controverse, le patron de Tesla ne laisse personne indifférent. Mais il a le mérite de faire bouger les lignes.

 

Alors que Tesla s’est établi comme le nouveau leader du marché automobile électrique, SpaceX envoie son tout premier vol habité privé à destination de la Station Spatiale Internationale.

« Musk a réalisé l’impossible : mettre le pied dans la porte du plus gros des monopoles naturels, celui de la conquête spatiale. » Maxime Sbaihi

Et si 2020 était l’année d’Elon Musk ? En une quinzaine d’années, les projets et les réussites ne manquent pas : Paypal, Tesla, SpaceX, SolarCity, Hyperloop, Neuralink… Pour Maxime, l’audace et l’entêtement d’Elon Musk, bien que clivants, rafraîchissent une Amérique embourbée dans le capitalisme de connivence.

À l’heure du grand retour des illusions planificatrices et de la moralisation rampante de l’activité économique, la France cherche toujours sa figure disruptive capable de sortir des sentiers battus.

« Au pays du principe de précaution, où risque rime plus avec peur qu’opportunité, et fiscalité davantage avec égalité que liberté, la folie entrepreneuriale d’un Musk semble presque proscrite. » Maxime Sbaihi


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Pour lire notre rapport « Vers l’auto-entrepreneur européen ? », cliquer ICI.

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Publié le 18/06/2020.

Gaspard Koenig : « L’antiracisme des Lumières n’est pas mort »

Dans Les Echos, Gaspard Koenig rappelle que c’est en vertu des grands principes des Lumières que les manifestants peuvent aujourd’hui clamer « Black Lives Matter ». Et s’ils étaient des lointains héritiers des théoriciens de l’idéal démocratique occidental ?

 

L’égalité entre les individus est un de ces principes. C’est au nom d’une égalité des droits qui ne se traduit pas toujours en pratique que les protestataires s’indignent aujourd’hui.  C’est pour cela qu’il est nécessaire de reconnaître la réalité des discriminations raciales qui persistent dans nos sociétés, et pourquoi pas autoriser les statistiques ethniques pour en prendre la mesure.

La résistance à l’oppression par le droit à la rébellion comme moyen d’exercice de la volonté politique est un autre legs des Lumières. Rappelons que la démocratie et l’État de droit ont pour principale vertu l’organisation pacifique des conflits entre les individus et groupes sociaux. Il est donc primordial que toutes les revendications trouvent un terrain d’expression garantie par la force publique.

Enfin, l’universalité des droits prend forme dans les mouvements protestataires des dernières semaines. D’un évènement survenu aux États-Unis est né un phénomène planétaire.

« Ne serait-ce pas l’embryon d’une citoyenneté mondiale, avant l’avènement du droit cosmopolitique rêvé par Kant ? » Gaspard Koenig

Mais pour Gaspard, s’il est salutaire que la démocratie permette de nous adapter à « l’histoire en mouvement », les manifestants ne doivent pas renier l’idéal démocratique des Lumières. La liberté d’expression ne saurait être grignotée par les quelques dérives auxquelles nous avons assisté ces dernières semaines. Citons seulement HBO, qui a retiré pendant quelques jours le film « Autant en emporte le vent » de sa plateforme.

« Quel est ce progressisme qui supprime la contradiction, censure les oeuvres d’art et désigne les traîtres, comme l’Inquisition brûlait les livres et torturait les hérétiques ? Comment réclamer la tolérance sans la pratiquer ? » Gaspard Koenig

La justice est également en danger. Les images de repentances collectives nous ramènent à un racialisme régressif : « nul ne saurait être condamné pour un crime qu’il n’a pas commis ». Ne laissons pas les « hasards de la génétique prendre le pas sur la conception moderne de la responsabilité individuelle ».

Enfin, il ne faut pas oublier que de nombreux pays continuent à discriminer ouvertement des minorités ethniques.

« Dans nos sociétés, la lutte contre les discriminations est un progrès lent et multiséculaire. Black Lives Matter doit y apporter sa pierre, sans la jeter à travers les vitres des Lumières. » Gaspard Koenig


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Publié le 17/06/2020.

Déconfinement : les libertés attendent toujours

La sortie du confinement est un exercice délicat et l’exécutif marche sur des œufs. On peut le comprendre. Il n’en reste pas moins que l’état des restrictions aux droits et libertés en France reste préoccupant, alors même que les autorités sanitaires affichent un certain optimisme. Le déconfinement des libertés n’est pas un luxe.

 

Depuis plusieurs semaines, grâce à l’amélioration de la situation sanitaire, les Français retrouvent le goût de la liberté. Certaines des restrictions les plus symboliques ont été levées. Nous pouvons de nouveau nous déplacer librement, prendre un verre en terrasse ou retrouver nos magasins favoris.

Il faut à tout prix lutter contre la normalisation de mesures qui dérogent profondément au droit commun.

Mais ce constat est malheureusement l’arbre qui cache la forêt, tant nombre des mesures restrictives prises pour lutter contre l’épidémie de covid-19 restent encore en vigueur. Pire, le Gouvernement semble s’orienter vers une solution hybride, une sortie formelle de l’état d’urgence sanitaire dont la plupart des dispositions resteraient néanmoins encore en vigueur pour quatre mois, laissant à l’exécutif des pouvoirs exceptionnels pour faire face à une recrudescence de l’épidémie. Cette fausse sortie de l’état d’exception n’est pas satisfaisante. Si l’état d’urgence est encore nécessaire, ce qu’il appartient à l’Etat de démontrer, alors mieux vaut qu’il soit clairement activé. S’il ne l’est plus, quel est le besoin de laisser au Gouvernement ses pouvoirs exorbitants ? L’état d’urgence pourrait toujours être réactivé si besoin. Il faut à tout prix lutter contre la normalisation de mesures qui dérogent profondément au droit commun.

L’attention s’était cristallisée ces derniers jours sur l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes sur la voie publique, qui portait atteinte au droit fondamental de se réunir et de manifester. Dans une décision salutaire, le Conseil d’Etat a jugé samedi 13 juin qu’une telle mesure n’était pas justifiée par la situation sanitaire actuelle, sauf dans les cas où les mesures barrières ne pouvaient être respectées.

Dans une décision salutaire, le Conseil d’Etat a jugé samedi 13 juin que l’interdiction des rassemblements n’était pas justifiée par la situation sanitaire actuelle, sauf dans les cas où les mesures barrières ne pouvaient être respectées.

On pouvait légitimement se demander pourquoi une mesure aussi stricte était encore en vigueur à l’heure où, aux dires même du Gouvernement, tous les voyants sont aux verts. Elle semblait incohérente avec l’ouverture des parcs, jardins, plages, terrasses, où ce sont largement plus de dix personnes qui se réunissent simultanément, sans obligation de porter un masque et avec un respect des gestes barrières assez relatif. Le caractère assez intenable de cette mesure poussait d’ailleurs le Gouvernement à en faire une application discrétionnaire, selon le degré d’« émotion » suscité par telle ou telle manifestation. C’était là la pire des situations, puisqu’elle aboutissait à tolérer des rassemblements massifs incontrôlés et risqués sanitairement parlant.

Il ne faut pas oublier non plus que le fonctionnement du système judiciaire garde encore un caractère largement dérogatoire : audiences dématérialisées, prorogations de diverses mesures sans le contrôle du juge ou sans l’accord des parties, prorogations de délais variés, etc. Là encore, on peine à comprendre, compte tenu de l’état actuel de l’épidémie, pourquoi la justice ne pourrait pas reprendre son fonctionnement normal avec des mesures de protection appropriées.

On peine à comprendre pourquoi la justice ne pourrait pas reprendre son fonctionnement normal avec des mesures de protection appropriées.

La sortie du confinement est un exercice délicat et l’exécutif marche sur des œufs. On peut le comprendre. Il n’en reste pas moins que l’état des restrictions aux droits et libertés en France reste préoccupant, alors même que les autorités sanitaires affichent un certain optimisme. Le déconfinement des libertés n’est pas un luxe.


Pour consulter l’Observatoire des Libertés Confinées, cliquer ICI.

Pour lire l’entretien « Dès qu’il s’agit d’un but vertueux, les libertés passent à la trappe » avec Vincent Delhomme dans Le Point, cliquer ICI.

Pour lire l’article « Ces nombreuses libertés (toujours) restreintes en France par l’état d’urgence sanitaire » dans Le Monde, qui s’appuie sur notre Observatoire des Libertés Confinées, cliquer ICI.

 

Publié le 14/06/2020.

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