Dans une tribune publiée dans Le Figaro, notre chargé d’études Rafaël Amselem s’oppose à la mise en place d’une « économie de guerre » pour faire face à l’urgence climatique, qui menacerait les fondements de notre démocratie libérale.
Sur le plateau de C ce soir, la journaliste Salomé Saqué proposait de mettre en oeuvre des moyens radicaux pour le climat. La fin justifierait donc, selon elle, les moyens. Rafaël, dans une volonté purement libérale et démocratique, s’y oppose fermement et appelle à la protection de notre modèle libéral. En effet, qui dit économie de guerre, dit dirigisme. Une très large partie du discours écologiste « mobilise une passion illibérale, voire autoritaire », implique une prise de décision unique venant du haut et ordonne une stricte obéissance. Il apparaît donc être l’antithèse de la vision libérale que nous défendons. Néanmoins, Rafaël soulève un point essentiel : la « radicalité » du discours écologiste n’est pas à pointer du doigt, encore moins à stigmatiser totalement. En effet, elle donne de la profondeur au débat démocratique et au pluralisme idéologique (si tant est que l’on reste intellectuellement honnête). Finalement, la radicalité ne serait qu’un moyen de revendiquer ses idées, sans transiger sur ses principes et valeurs.
« C’est précisément la radicalité des écologistes qui nous interroge, nous bouscule, et nous impose de mener la bataille intellectuelle et politique. »
Rafaël cite Hayek, qui compare la planification au commandement d’une armée. En effet, le plan implique par définition un rapport hiérarchique et paternaliste entre les administrés et l’administration. Une fois de plus, les libertés publiques finissent par être restreintes par un pouvoir politique qui décide de « l’essentiel et du non-essentiel, du principal et du superflu ». Cette verticalité, que nous combattons déjà sous le prisme institutionnel, ne fait qu’aggraver une profonde faille du débat démocratique.
« Voilà l’enjeu : la pérennité du système de la démocratie libérale face à l’impératif écologique. »
Néanmoins, Rafaël fait la distinction entre planification écologique et démocratie planificatrice (qui a mené aux Trente Glorieuses). Cette dernière était seulement indicative et limitée à certains secteurs de l’économie, mais malgré tout « largement technocratique ». Au contraire, notre chargé d’études s’inquiète de la planification écologique qui serait le « règne d’une techno-administration omnipotente », capable de juger et d’arbitrer, non sans subjectivité, les besoins de notre société. S’agissant par exemple de la nécessité de décarboner, une solution plus simple, peut-être encore plus radicale mais moins révolutionnaire, permettrait de lutter contre le changement climatique sans instaurer de « contrôle administratif » : la tarification généralisée et systématique du carbone. A fortiori accompagné d’une forme de redistribution directe à la population, ce dispositif de marché accorderait à chacun la liberté de vivre et consommer comme bon lui semble, tout en payant le prix des conséquences sur notre bilan écologique.
« C’est la tutelle qui rôde, ainsi que la conditionnalité et la surveillance ; un triptyque redoutable pour les libertés publiques. »
Pour lire la tribune de Rafaël, cliquer ICI.
Pour comprendre la tarification carbone, cliquer ICI.
Publié le 16/06/2023.
Dans un entretien croisé avec Charles Reviens pour Atlantico, notre expert Marc de Basquiat, fervent défenseur à nos côtés de la mise en place d’un revenu universel, propose une refonte radicale de la politique du logement en France, autour d’une fiscalité simplifiée.
Marc revient sur le plan logement du Gouvernement dévoilé par la Première ministre le 5 juin dernier. Le Conseil National de la Refondation a mis en place certaines mesures, loin d’être suffisantes aux yeux de notre expert et surtout étroitement liées à une réduction de la dépense publique en faveur du logement. La crise du logement n’est pas nouvelle, pourtant les acteurs (bailleurs sociaux ou groupes constitués) n’ont encore pas défini de consensus. Ils n’ont visiblement pas les mêmes priorités.
« Face aux incohérences de la fiscalité et au nombre important d’acteurs qui font pression chacun « pour sa chapelle », il est urgent de reposer des fondations claires et robustes. »
Marc l’affirme : notre politique du logement est l’une des plus dysfonctionnelles. La fiscalité actuelle est, selon lui, le premier point à revoir car trop désincitative. Il plaide pour une suppression radicale de trois impositions que les Français subissent en étant propriétaires : les droits de mutation à titre onéreux (frais de notaire), les droits de mutation à titre gratuit (« impôt sur la mort ») et l’imposition sur les loyers perçus par les propriétaires qui louent leur bien.
« En court : l’Etat taxe fortement les aspects bénéfiques (fluidité du parc, locations) et ne taxe pas directement l’assiette qu’il est souhaitable de faire maigrir (les prix immobiliers). »
Notre expert appelle plutôt à taxer la détention : réévaluer à la hausse les taxes foncières et « taxer directement la valeur vénale du bien, c’est-à-dire le prix des transactions d’achat/vente sur le marché ». Il est temps que la fiscalité soit refondue pour taxer l’usufruit et défiscaliser l’usage. Ainsi, il souhaite mettre en place un « impôt sur le capital immobilier » (à un taux uniforme de 0,05% par mois), solution vertueuse économiquement, portée par le prix Nobel Maurice Allais et de nombreux économistes. Pour Marc, cette solution permettrait aux propriétaires d’utiliser leur bien à bon escient soit en vivant dedans, soit en le vendant ou en le donnant, soit en le mettant en location. De ce fait, le nombre de logements vacants serait considérablement réduit.
« Les gens doivent être incités à maximiser leur valeur de leur bien. L’impôt foncier y contribue, à condition d’être calculé sur la bonne assiette et avec un taux suffisant. »
Pour Marc, le trop grand nombre d’acteurs impliqués dans le secteur du logement est un frein à la régulation du marché. En effet, il prend l’exemple de l’Autriche, où seule la ville de Vienne est l’acteur principal du marché. La ville est propriétaire de milliers de logements qu’elle loue à des prix qu’elle gère elle-même, ce qui évite l’inflation. En France, une telle solution serait efficace. Marc propose de mettre en place un « Service Universel du Logement », acteur unique et public, assez puissant pour rendre le marché plus fluide et ainsi régler une grande partie du mal-logement en France.
« En France, la myriade d’acteurs bloque la situation et empêche la réflexion de fond. »
Pour lire l’entretien de Marc, cliquer ICI.
Pour lire notre rapport « Le logement pour tous », cliquer ICI.
Publié le 15/06/2023.
Dans sa chronique pour l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber s’inquiète de l’utilisation de caméras de reconnaissance faciale en France, réelle menace à nos libertés individuelles et au principe de propriété des données personnelles.
Le 12 avril dernier, le Parlement a adopté une loi autorisant la mise en place de caméras de surveillance « intelligentes » lors des Jeux olympiques de 2024 en France, qui ne serviront pas à identifier des personnes. C’est encore très différent des caméras à reconnaissance faciale, qui existent déjà dans certains aéroports ou sur votre téléphone, et qui sont relativement sécurisées. Ici, ce contre quoi s’érige Monique, c’est l’utilisation de ces outils « à la volée » qui viserait à identifier des personnes dans l’espace public. Certes, cela induirait l’identification de personnes mal intentionnées ou dangereuses en temps réel et donc permettrait d’améliorer la sécurité publique, néanmoins Monique s’y oppose fermement, défense des libertés oblige.
« Ni totalement fiable ni sûre, cette technique détruirait ce fondement du libéralisme qu’est la protection de la vie privée. »
Aussi, Monique explique certaines failles de ce système. L’identification d’un individu n’est pas sûre, seulement probable et le risque de faux positif existe bel et bien. Les risques de piratage sont élevés et les données biométriques recueillies pourraient être utilisées de manière malveillante. Le consentement devrait donc être obligatoire et préalable, mais le système n’aurait plus aucun intérêt sécuritaire, le but étant d’identifier les délinquants à leur insu en temps réel.
« La reconnaissance faciale à la volée ruinerait non seulement le principe de propriété des données personnelles, mais surtout la possibilité de circuler de façon libre et anonyme dans l’espace public ou de participer à une manifestation sans avoir à rendre de compte. »
Notre présidente s’oppose ainsi à l’expérimentation de ces caméras intelligentes, trop de risques pesant sur « l’efficacité, la sûreté et les libertés ». En libérale convaincue, Monique définit une société fiable comme étant une société « où doit être bannie l’inquiétude de devenir suspect pour des raisons qu’on ignore », sous peine de mettre à mal les bases de nos sociétés libres : « la confiance sociale et l’adhésion aux normes communes ».
« Des contrôles plus nombreux ne rendent pas nécessairement une société plus sûre. N’oublions jamais que toute vigilance acharnée finit par trouver ses coupables. »
Pour lire la chronique de Monique, cliquer ICI.
Pour lire notre rapport « Mes datas sont à moi », cliquer ICI.
Publié le 14/06/2023.
GenerationLibre co-signe avec des élus locaux de tous bords politiques, des associations, des académiques et des entrepreneurs une tribune dans Le Journal du Dimanche appelant à « expérimenter un modèle local de légalisation du cannabis » à Bègles.
La tribune, que signent notre directeur Directeur Seltzer, le co-auteur de notre rapport Amine Benyamina et notre fondateur Gaspard Koenig, rappelle que la France est le premier consommateur européen de cannabis et appelle donc, face au constat de l’échec des politiques actuelles de pénalisation, à essayer la législation encadrée de la production, de la vente et de la consommation du produit.
Rassemblant des élus de tous bords politiques, de Julien Bayou à Gil Avérous, en passant par Caroline Janvier, la tribune va dans le sens de deux rapports officiels appelant à la légalisation encadrée de la consommation de cannabis, l’un publié par l’Assemblée nationale le 5 mai 2021 et l’autre par le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) le 24 janvier 2023, qui tous deux mentionnent à de nombreuses reprises les deux rapports de GenerationLibre sur la question.
Pourquoi s’entêter dans un modèle français ultra-répressif de prohibition qui ne fonctionne pas ?
Les auteurs de la tribune souhaitent que cette expérimentation, que la ville de Bègles a accepté d’accueillir, soit « collective, participative, en lien avec les territoires et encadrée par l’État » et veulent la développer « en partenariat notamment avec les acteurs du médico-social, de la prévention santé, des filières locales de maraîchage et de transformation agricole et sur un panel diversifié de consommateurs-volontaires majeurs ».
Le trafic de cette substance étant évalué à près de 4 milliards d’euros par an, il est facile d’imaginer la manne financière pour l’État français
En plus de la manne financière estimée à plus de 4 milliards d’euros, les signataires de la tribune souhaitent répondre par cette mesure aux problèmes d’engorgement des prisons et des tribunaux, à une partie des troubles sécuritaires de certains quartiers et à la mauvaise qualité des produits actuellement en circulation.
Pour lire la tribune, cliquer ICI.
Pour (re)lire notre rapport « Pour un marché libre du cannabis en France », cliquer ICI.
Publié le 13/06/2023.
Dans un entretien croisé avec Christophe Bouillaud pour Atlantico, notre directeur Christophe Seltzer dénonce la logique intrinsèquement populiste de la Ve telle qu’elle est devenue.
Pour commencer, l’un et l’autre réagissent à l’amendement de suppression de l’article 1 de la proposition de loi du groupe LIOT, qui vise à abroger la retraite à 64 ans. Christophe Bouillaud dénonce « une manoeuvre parlementaire » qui fait clairement apparaître la volonté du camp macronien (et des chefs de LR) de ne pas revenir sur la retraite à 64 ans. Notre directeur rappelle que ces manoeuvres manifestent un refus d’obstacle, bien qu’elles soient légales et constitutionnelles.
« Il y a un passage en force politique qui abîme la démocratie et qui choque de nombreux Français. Attention, qui sème le vent récolte la tempête. »
En s’appuyant sur ce qu’ont dit les grands intellectuels libéraux Jean-François Revel et Raymond Aron, Christophe défend un de nos combats phares : la déprésidentialisation de la Ve République. Il appelle à revaloriser le Parlement dans le débat institutionnel et y ramener la radicalité afin de raviver le pluralisme politique. Pour lui, notre crise politique est avant tout institutionnelle car nos institutions sont tournées vers le monarque présidentiel et ne servent qu’à valider ses décisions. Le débat démocratique est en réalité biaisé dès le départ, car la souveraineté parlementaire est bafouée (surtout sous l’ère des présidents Sarkozy, Hollande et Macron).
« Nous sommes une anomalie dans le monde des démocraties libérales. »
Notre directeur dénonce des institutions « intrinsèquement populistes ». Notre Parlement n’a jamais semblé aussi faible et la logique d’équilibre des pouvoirs n’est plus respectée. Désormais, plus rien ne peut « contrebalancer la toute-puissance et l’irresponsabilité du Président ». Christophe appelle à faire évoluer le mode de scrutin de l’élection présidentielle car le suffrage universel direct fait perdre son sens à la démocratie. Cette élection ne se résume plus qu’à un peuple qui élit un homme sur la base de sa personnalité et non de ses idées. Finalement, tous les maux du pays lui sont attribués et les Français finissent par se choisir un nouveau monarque.
« Ni radical, ni révolutionnaire, Emmanuel Macron se perd peut-être dans un populisme doux, gentillet, qui ne prend pas son risque idéologique et se contente de sauver les meubles d’un système à bout de souffle. »
Depuis les années 90, aucun bouleversement politique n’a eu réellement lieu en France. Il est à noter que la lettre originelle de la Constitution s’appliquait encore relativement et le Parlement exerçait sa souveraineté lors des périodes de cohabitation. Même sans cohabitation, il y avait encore dans la pratique gaullienne du pouvoir par le président François Mitterrand, une plus grande latitude d’action laissée au Premier ministre et au Gouvernement, comme l’explique Raphaël Hadas-Lebel, dans un article intitulé « François Mitterrand et la fonction présidentielle » que notre directeur cite.
Ayant à l’esprit les tentatives d’interdiction du colloque de l’Action Française il y a quelques semaines, Christophe a beau jeu de montrer que le retour à une monarchie ne serait pas forcément un recul de la démocratie, non plus qu’une VIe République, si elle était moins jacobine que ce que Jean-Luc Mélenchon doit immanquablement avoir en tête. La monarchie britannique ne fait pas montre du même déséquilibre institutionnel que la République française : paradoxalement, elle s’avère plus démocratique et parlementaire.
« Il n’y a plus de débat idéologique ni de grandes visions de changement sur l’échiquier politique. »
Pour lire l’entretien croisé de Christophe, cliquer ICI.
Pour découvrir notre rapport « Déprésidentialiser la Ve République », cliquer ICI.
Pour lire l’article « François Mitterrand et la fonction présidentielle » que Christophe cite, cliquer ICI.
Publié le 01/06/2023.
Dans une chronique pour Le Figaro, Anne de Guigné se saisit d’une problématique encore peu étudiée dans le monde économique : la vie de couple et son impact sur les revenus des Français. Notre système socio-fiscal désincite les Français les plus pauvres à vivre en couple.
Pour Anne de Guigné, parfois, « la vie de couple rime avec perte de revenus ». Pour démontrer cette thèse, Anne de Guigné s’appuie sur les études de notre expert Marc de Basquiat, qui prône avec nous la mise en place d’un revenu universel. Les chiffres ne trompent pas, près de la moitié des 10% des français les plus modestes se déclarent célibataires. Pour Marc, il apparaît nettement que notre système social n’est pas conçu pour l’intérêt des couples (mariage, PACS ou concubinage).
« Dans plus de 80 % des cas, les Français n’ont aucun intérêt à convoler : un mariage, un pacs, voire une situation officialisée de concubinage, se traduit pour eux par une perte nette de revenus. C’est une des absurdités mal connues de notre système social. » – Anne de Guigné
Pour Marc, la grande majorité des Français n’ont pas d’intérêt à se déclarer en couple aux yeux de l’administration car ils percevront beaucoup moins de prestations sociales. En effet, les aides sociales comme le RSA sont octroyées sous conditions de ressources. En couple, les bénéficiaires perçoivent moins d’aides qu’en restant célibataires. Ils perdront donc des revenus. A contrario, les ménages les plus aisés se verront réduire leurs impôts en étant en couple. Finalement, être en couple est (encore) réservé aux mieux lotis…
« L’articulation actuelle des dispositifs sociaux-fiscaux constitue un frein conséquent à l’officialisation de la vie de couple parmi des personnes aux revenus modestes. Elles n’ont franchement pas intérêt à se faire connaître comme tels par l’administration. » – Marc de Basquiat
Gary Becker a été le premier économiste à analyser le mariage sous le prisme économique et fiscal. Selon lui, les citoyens ne se mettent en couple que s’ils ont un intérêt à l’être, « si ce choix leur permet d’atteindre un niveau de satisfaction, en économie d’utilité, supérieur à celui qu’ils obtiendraient en restant célibataires ». Aux yeux d’Anne de Guigné, cette thèse, « excessive » car elle écarte toute idée de sentiments, est cependant utile. Notre expert rappelle que le couple est aussi un rempart contre la pauvreté, à condition que les mécanismes socio-fiscaux ne découragent pas sa constitution.
« Les personnes pauvres vivent nettement plus souvent seules que la moyenne des Français. » – Anne de Guigné
De plus, Anne de Guigné nous rappelle les chiffres alarmants de la dernière étude de l’INSEE : 41% des enfants vivant en famille monoparentale sont pauvres, contre 21% de l’ensemble des enfants. Les familles monoparentales sont les plus touchées par la situation socio-fiscale actuelle, notamment les mères célibataires, ce qui a valu une revalorisation de l’allocation de soutien familial. Pourtant, certains experts vont plus loin, comme Julien Damon qui propose que l’État mette en place des politiques de soutien conjugal.
Notre expert lui, souhaite restructurer notre système de fond en comble en instituant un revenu universel de 500 euros par adulte et par mois, comme un socle inconditionnel de revenus pour survivre et donner aux Français plus de liberté et de choix.
« Marc de Basquiat plaide de son côté, dans un registre plus classique, pour une vaste restructuration de l’ensemble des minima sociaux autour d’une prestation socle individuelle, à laquelle pourraient s’ajouter des compléments spécifiques, en fonction de l’âge, du handicap… » – Anne de Guigné
Pour lire la chronique d’Anne de Guigné, cliquer ICI.
Pour découvrir notre rapport « Liber : un revenu de liberté pour tous », cliquer ICI.
Publié le 24/05/2023.
Dans une tribune pour Le Figaro, notre ancien directeur Maxime Sbaihi s’inquiète du vieillissement démographique qui menace notre modèle social.
La thèse de Maxime est simple : notre modèle social n’est pas adapté à la crise démographique qui touche actuellement la France. Les actifs sont de moins en moins nombreux et les retraités de plus en plus nombreux avec au départ massif à la retraites des baby-boomers. De plus, Maxime dénonce un phénomène de « patrimonialisation » qui concentre les biens immobiliers chez les seniors et empêche les jeunes générations d’accéder à la propriété : « les plus de 60 ans détiennent aujourd’hui 60 % du patrimoine alors qu’ils ne représentent que 25 % de la population ». Pour la première fois de notre histoire, le niveau de vie des retraités est plus élevé que celui du reste de la population.
« Avec toujours moins d’actifs pour toujours plus de retraités le financement de notre modèle social est mis à mal. »
Aussi, Maxime s’inquiète du financement de la dépendance de ces baby-boomers. Il s’agit pour lui d’un « défi sociétal » à résoudre d’urgence mais aussi d’un point d’interrogation car les projets mis en place par nos gouvernements ne sont pas suffisants. Les dépenses sociales liées aux retraites ou à la vieillesse représentent la moitié de nos dépenses publiques, ce qui continue à creuser notre dette publique. La réforme des retraites a écarté les questions de la démographie et du montant des pensions, ce qui laisse à penser que la facture de la crise démographique sera laissée aux nouvelles générations d’actifs.
« Notre pyramide des âges n’a plus rien de pyramidal, nous vieillissons comme jamais, mais nous refusons de l’admettre et d’accepter les ajustements nécessaires. »
Pour Maxime, la France est en plein déni démographique, contrairement à nos voisins allemands qui ont pris le taureau par les cornes et ont instauré une des lois immigration les plus libérales d’Europe afin de recruter massivement à l’étranger et de lutter contre le manque de main-d’oeuvre.
« Dans une Europe à la population la plus vieillissante du monde, la lutte pour la main-d’œuvre et les talents venus d’ailleurs ne fait que commencer. »
Le marché du travail n’est pas le seul à pâtir du vieillissement de notre population. En effet, pour Maxime la « démocratie subit aussi les conséquences du vieillissement ». Les plus de 50 ans forment la majorité absolue de nos électeurs. L’offre politique s’adaptant à la demande, il y a fort à parier que les intérêts de notre jeunesse ne soient malheureusement plus au coeur du débat démocratique.
« Notre démocratie risque d’être entraînée sur une pente gérontocratique qui raccourcit l’horizon politique au détriment du long terme et des intérêts d’une jeunesse devenue négligeable dans le jeu politique. »
Pour lire le tribune de Maxime, cliquer ICI.
Pour consulter notre rapport « La retraite quand je veux », cliquer ICI.
Publié le 23/05/2023.
Notre expert Marc de Basquiat défend dans un entretien accordé à Atlantico une baisse des « impôts invisibles » et réels qui pèsent sur les contribuables, et qui devrait selon lui remplacer les baisses d’impôts floues promises par le président de la République.
Marc revient sur l’annonce d’Emmanuel Macron d’une baisse d’impôt de 2 milliards d’euros devant affecter les « classes moyennes », et qui fait selon lui l’objet d’un grand flou définitionnel. À l’appui des analyses de Julien Damon, Marc fustige l’usage de cette notion, alors même qu’elle recouvre des réalités économiques et sociologiques très vastes.
Notre expert reproche au président de la République une méthode totalement inversée par rapport à ce que la logique tout comme les institutions voudraient : il faudrait partir des problèmes à résoudre pour identifier les mesures à mettre en place puis seulement les quantifier. Sans exposition claire d’objectifs politiques précis, la communication de chiffres abstraits semble davantage faire office d’annonce médiatique destinée à « susciter l’intérêt ». C’est selon lui l’hyperprésidentialisme français qui nous incite à attendre du président qu’il soit à l’origine des solutions là où son rôle devrait consister en l’analyse stratégique des difficultés auxquelles fait face la société française et l’annonce des objectifs à atteindre. Il devrait ensuite faire appel aux experts sur la question et aux élus politiques pour proposer des solutions.
« Je rêve d’un président qui énonce quelques priorités, s’assure qu’elles forment un consensus assez large dans le pays, puis mobilise toutes les intelligences (sauf la sienne !) pour les atteindre. »
Marc revient ensuite sur l’effondrement du service public qui contraste avec la bonne santé économique de la plupart des grands groupes, et ne fait que creuser l’écart entre secteurs public et privé. Face à cette situation, l’économiste préconise que l’État entame une réflexion « make or buy » (faire ou faire faire) : déterminer ce qu’il doit continuer à faire et ce qui doit être placé sous régime concurrentiel.
« Alors que certains craignent un « grand remplacement », plus ou moins visible sur le territoire, tous constatent le ”grand déclassement“ d’un Etat qui ne parvient plus à assurer les services essentiels »
Selon Marc, le pouvoir d’achat est bloqué par deux problèmes majeurs : la fixation des salaires et l’explosion du coût de l’immobilier.
Les salaires français sont en effet très resserrés au niveau du Smic (« un salarié payé 2 Smic figure dans les 25% les plus aisés du pays » !) car d’une part le Smic français est particulièrement élevé, et d’autre part les cotisations à payer sur les salaires diminuent énormément l’intérêt financier d’une augmentation de salaire au-dessus du Smic. La solution viendrait selon Marc d’une part d’un « impôt négatif » engobant un « revenu universel » et d’autre part d’une réorganisation des cotisations sociales.
Concernant le coût du logement, Marc préconise une simplification drastique du fonctionnement du marché de l’immobilier et de ses taxes sous la forme d’un unique « impôt sur le capital immobilier » indexé sur la valeur du bien détenu, et de remplacer une multitude d’interventions publiques par un unique « service universel du logement ».
« A l’Etat la définition des objectifs de politiques publiques et le contrôle, aux agents privés la créativité, la recherche de solutions et de performance. »
Pour lire l’article, cliquer ICI.
Pour lire notre rapport sur le « Revenu universel », cliquer ICI.
Pour lire notre rapport sur le « Liber : une proposition réaliste », cliquer ICI.
Publié le 18/05/2023.
Invité dans l’émission François Lenglet Déchiffre, notre fondateur Gaspard Koenig nous emmène en Suisse et au Kurdistan pour nous parler des institutions de notre République et revient sur la réforme du RSA, notre rapport à l’espace et les suppressions d’emplois par l’IA.
Dans une discussion sur l’exemple institutionnel allemand, Gaspard rappelle que l’Allemagne n’a pas le monopole du parlementarisme et qu’au XIXème siècle toutes les démocraties européennes sont parlementaires, le présidentialisme étant une invention de la deuxième moitié du XXème siècle en Europe.
Gaspard fait remarquer que, durant la Révolution française, certains parlementaires exigent que l’appellation « ministre de » (la Justice par exemple) soit remplacée par l’expression « ministre des lois de » (la Justice) afin de souligner le rôle précisément d’ « exécutant » du pouvoir exécutif par rapport au législatif.
« Je crois que les institutions créent les hommes : donnez aux Français des institutions suisses, il leur faudra peut-être quelques mois, quelques années, mais ils deviendront Suisses ! »
Notre fondateur refuse l’idée d’une nécessité de l’incarnation du pouvoir et s’appuie sur l’exemple du Kurdistan qui s’inspire du communalisme libertaire de Murray Bookchin pour mettre en place le rêve fédéraliste d’une société décentralisée où la majorité des décisions sont prises à l’échelle de la commune.
« La démocratie, pour nos pères fondateurs, c’est forcément la souveraineté parlementaire »
Gaspard revient également sur le fonctionnement du Revenu de Solidarité Active (RSA) qui créé selon lui les problèmes qu’on lui reproche : en ne voulant pas reconnaître que la possibilité de pouvoir subvenir à ses besoins vitaux est un droit, le système actuel présente le RSA comme une faveur en échange de laquelle sont attendues des contreparties. Ces contreparties prennent la forme d’obligations bureaucratiques qui ne font que freiner l’esprit d’initiative des bénéficiaires et créent les situations d’assistanat qu’on lui reproche.
S’appuyant sur les travaux de Guy Standing, Gaspard préconise un vrai changement de paradigme, fondé sur la confiance : en responsabilisant les bénéficiaires pour gérer au mieux un revenu attribué sans contrepartie, le système serait plus à même de favoriser l’esprit entrepreneurial dont les détracteurs actuels déplorent précisément l’absence.
« Plutôt que de conditionnaliser, faisons l’inverse : on dé-conditionnalise absolument et on fait le pari que si vous faites confiance aux gens, ils vont entreprendre des choses »
Pour Gaspard, les luttes musclées contre les grands chantiers ayant cours en France sont le symptôme d’un changement d’époque qui voit naître un temps où l’impact écologique devient prioritaire, ainsi que la volonté de « ralentir » face à des processus d’accélération et d’urbanisation toujours accentuées. Face aux volontés de désenclavement à l’excès, Gaspard prône un ralentissement de construction d’infrastructures qui, pour faire gagner un temps dispensable, engagent des moyens destructeurs pour l’environnement et participent à dégrader nos modes de vie.
Concernant les moyens d’action de ces luttes, Gaspard note que « c’est toujours comme cela qu’ont commencé les grandes transformations sociales », certains combats légitimant des formes de désobéissance civile, non violente si possible. Il réhabilite ce faisant les militants écologistes qui pratiquent la désobéissance et qui selon Gaspard sont « extrêmement raisonnables » car ils connaissent très bien les enjeux scientifiques du problème et en mesurent mieux que beaucoup l’ampleur, tout en s’assurant que leurs actions ne causent pas de réels dommages, en prenant soin de marquer des tableaux protégés par une vitre de protection par exemple.
« Les sociétés ont toujours bougé parce que certains ont désobéi à la loi ou désobéi à la norme »
Profitant d’être interrogé sur les potentielles suppressions d’emplois que pourrait engendrer le développement de l’intelligence artificielle, Gaspard questionne le sens de nos métiers. Cette inquiétude est en effet pour lui le signe que beaucoup de nos métiers se sont mécanisés et transformés en tâches d’exécution laissant peu de place à la créativité, si bien que les « logiques artificielles » comme chat-GPT n’ont aucun mal à effectuer à notre place des activités qui n’ont plus grand-chose de proprement humain.
Loin de n’être qu’une suite d’opérations logiques, Gaspard nous rappelle avec Alain Damasio la nature fondamentalement sensible et corporelle de l’intelligence humaine. L’IA est ainsi pour notre fondateur l’occasion d’abandonner nos « bullshit jobs » pour retourner vers des activités qui engagent véritablement une intelligence humaine et créative.
« Tous ces emplois sont substituables parce que nous avons créé des emplois qui ne sont pas humains »
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Publié le 17/05/2023.
Dans sa chronique pour l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber appelle à lutter contre la vision caricaturale du libéralisme, perpétuellement perçu comme un dogmatisme économique plutôt qu’une politique des libertés.
Monique étudie le sondage sur les libertés réalisé par l’Ifop pour l’Opinion et la Fondation Concorde. Ce sondage nous révèle que 64% des Français considèrent que les libertés individuelles se sont affaiblies ces dix dernières années. Toutefois, les Français gardent une relation assez complexe avec le libéralisme. Ils chérissent la liberté mais deviennent de plus en plus méfiants vis-à-vis au terme « libéralisme ». Pour Monique, les sondés ne font pas de lien entre la défense des libertés et les engagements libéraux.
« Le libéralisme en France est aujourd’hui réduit à une version caricaturale du libéralisme économique, à un dogmatisme des « réformes » allié à l’indifférence aux questions sociales. »
Les libertés individuelles sont ressenties en baisse, particulièrement chez les électeurs de gauche et du RN, notamment suite aux mesures restrictives de la crise Covid et aux menaces sur la liberté de manifester. Logiquement, le président de la République apparaît donc moins libéral qu’au moment de son élection. Bien que les Français ressentent nettement une perte de liberté, le libéralisme est aujourd’hui mal-aimé et n’apparaît pas comme une réponse politique logique aux crises actuelles.
« Le décalage est frappant entre l’impression de libertés amoindries et la labellisation comme libéraux de ceux qui furent responsables des mesures qui semblent avoir causé cette impression. »
En France, le libéralisme est réduit à une vision tronquée du libéralisme économique, alors qu’il n’est qu’une doctrine qui prend « la liberté comme boussole », toutes les libertés. Ses détracteurs n’y voient qu’un épouvantail, une suprématie du marché faisant l’impasse sur les questions sociales.
« Le libéralisme, ou politique des libertés, ne se réduit pas à la liberté économique, qui en est un ingrédient toujours nécessaire, mais jamais suffisant. »
Monique revient sur l’histoire des grandes démocraties libérales et appelle au combat pour leur protection et leur réhabilitation. Il est urgent de rappeler que le libéralisme est une option politique crédible, capable de faire barrage à la pauvreté et à l’extrémisme.
« En encourageant la participation politique, le pluralisme, la rationalité publique et la liberté de la critique, le libéralisme peut se révéler aussi le meilleur antidote à la tentation de l’extrémisme. »
Pour lire la chronique de Monique, cliquer ICI.
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Publié le 16/05/2023.