Retraites : pourquoi toujours « repousser » ?

Dans Atlantico, Marc de Basquiat, convaincu de l’urgence d’une réforme, voit dans le report de l’âge légal de départ à la retraite une mauvaise idée. 

 

Marc affirme que la France est le seul pays où le niveau de vie des retraités est supérieur à celui des actifs mais surtout nettement plus élevé que celui des jeunes actifs. Selon lui, ce constat explique la faible participation des plus jeunes aux dernières élections. Après tout, qui peut participer à un régime qui ne défend pas ses intérêts ? C’est ce que Marc reproche à notre système des retraites qui, selon lui, « bichonne ses chers vieux électeurs. »

« Notre démocratie est devenue une gérontocratie : le pouvoir décide en fonction des préférences de ceux qui votent, pas de l’intérêt commun et certainement pas de celui des générations qui ne croient plus à la politique. »

Marc mentionne trois « générosités » inhérentes à l’inégalité perpétuée par notre système de retraite. La première est la garantie d’un montant minimum alloué dès lors que l’individu décide de liquider ses droits. La seconde est le financement de certains dispositifs tels que l’Allocation de solidarité aux personnes âgées payé par l’impôt de l’ensemble des contribuables. La troisième « générosité » accordée à nos anciens est que ceux-ci ne participent que très peu au financement de notre système de santé (taux plus faible de CSG pour les retraités). Ces trois principes suffisent à déséquilibrer le système des retraites, à le rendre injuste pour les actifs et à creuser le déficit de l’État.

« Moralement, il est préférable que chaque génération gère elle-même ses déséquilibres entre riches et pauvres, plutôt que demander en permanence aux générations suivantes de payer pour compenser ses propres égoïsmes. »

Marc estime qu’il est inutile de forcer les actifs à travailler plus longtemps. La réforme des retraites est depuis longtemps focalisée sur ce seul paramètre. À l’inverse, Marc explique qu’il existe un système plus simple où chacun pourrait décider de partir quand il le souhaite à la retraite avec un montant de pension alloué en conséquence de ce choix. Ce système serait doté d’un mécanisme de solidarité (redistributif) intragénérationnelle avec un prélèvement uniforme à taux unique sur tous les revenus de ceux qui ont fait valoir leurs droits à la retraite pour augmenter le montant des pensions les plus faibles.


Pour lire l’article, cliquer ICI.

Pour consulter le rapport « La retraite quand je veux », cliquer ICI.

 

Publié le 01/07/2021.

« Le digital court-circuite la nostalgie. » Gaspard Koenig

Dans Les Echos, Gaspard Koenig s’interroge sur la numérisation de la mémoire et ses effets sur nos souvenirs. 

 

Né au début des années 1980, Gaspard a connu deux époques : celle d’avant Internet et celle d’après. Son existence est partagée entre le souvenir de ses correspondances, représenté par le papier jauni, et les innombrables fichiers de son ordinateur.

« Mais à mesure que je me rapproche du temps présent, voilà tous ces memorabilia évaporés au profit des e-mails, des PDF, des JPEG et des GPX. De 2020, il ne me reste presque rien. »

À l’appui des écrits du philosophe Henri Bergson, Gaspard estime que la technologie induit deux changements majeurs dans notre perception du temps. Le premier est l’effacement pur et simple de la trace du temps sur un souvenir. Avec le numérique, un mail ou un fichier Word ne perd pas une ride tandis qu’une photo se froisse et jaunie avec le temps.

« La réussite de l’image-souvenir digitale dépendra de sa capacité à préserver une denrée si rare sur l’AppStore : l’inutilité, dans laquelle Bergson voyait la victoire de la vie sur l’intelligence. »

Le second changement est d’ordre pratique. Chaque déménagement nous oblige à trier, à ranger et donc à redécouvrir ces souvenirs. À l’inverse, le numérique permet de stocker sans fin. Qui irait relire ses anciens mails s’il n’y était pas obligé ?


Pour lire la chronique, cliquer ICI.

Pour consulter notre rapport « Aux data, citoyens ! », cliquer ICI.

 

Publié le 30/06/2021.

[Lu Ailleurs] : « Le numérique est l’enjeu géopolitique ultime. » Shoshana Zuboff

Dans Le Figaro, Shoshana Zuboff appelle à réguler d’urgence le secteur numérique pour que la démocratie survive au « capitalisme de surveillance ».

 

Il y a deux ans, Shoshana Zuboff théorisait dans son livre le « capitalisme de surveillance ». Cette nouvelle forme de pouvoir qui est apparue avec le numérique évolue, selon elle, de manière très inquiétante. À l’origine, l’universitaire avait défini quatre étapes au « coup d’État épistémologique en cours ». Deux ans après, nous sommes déjà entré dans la quatrième phase. Le numérique a évolué, selon elle, vers un « déterminisme économique ».

« Les racines et les bases du système démocratique sont actuellement érodées par un système capable d’influencer ce que nous lisons, ce que nous pensons, ce que nous faisons, et capable au passage de dégrader notre dignité, notre individualité, et de créer une inégalité structurelle des connaissances. »

Quelles sont donc ces quatre étapes du « capitalisme de surveillance » pour Shoshana Zuboff ? La première consiste à transformer la vie privée des individus en matière première gratuite. Les données personnelles des individus sont extraites et collectées à leur insu puis déclarées « propriété privée » par les grandes entreprises du numérique. Le comportement humain est utilisé à des fins de prédictions algorithmiques. La seconde étape est celle de « l’inégalité épistémique ». C’est la différence entre ce que je peux savoir et ce que l’on peut savoir de moi.

« Ces sociétés prennent nos données sans le demander, les données personnelles qu’elles possèdent sont des biens volés. Le sens de mon travail est de contester la base même de leur système qui revendique la propriété sur nos données. »

Une fois ces droits individuels bafoués, la troisième étape est le moment où il n’est plus possible d’échapper au ciblage des algorithmes et à la collecte des données lors des usages en ligne. Toutes les informations extraites du comportement en ligne de l’individu servent désormais à l’orienter dans ses choix. La quatrième et dernière phase est celle du « coup d’État épistémique ». Une ère où « les machines savent, et les systèmes décident, dirigés et soutenus par l’autorité illégitime et le pouvoir antidémocratique d’intérêts privés. » Le numérique prend le pas sur la démocratie au nom d’un progrès inéluctable, selon ces mêmes entreprises, qui font tout pour garder la régulation à distance de leurs activités.

« Nous devons refuser que l’âge numérique permette l’utilisation des données pour des objectifs économiques étriqués, au profit d’un tout petit groupe et aux dépens du plus grand nombre. »

Comment préserver la démocratie de la dystopie annoncée ? À ce stade, Shoshana Zuboff salue le travail de l’Union européenne qui entend mettre au pas les géants du numérique. Le premier recours est de soumettre ces entreprises à un nouveau cadre légal. La règle de droit ne tue pas l’innovation. Au contraire, c’est le monopole de ces entreprises qui tue la concurrence. Shoshana Zuboff recommande de toute urgence que l’on sanctuarise la sphère privée et que l’on protège légalement les données des individus. Et si la patrimonialité des données personnelles était la solution ?


Pour lire l’article « Shoshana Zuboff : « La société démocratique se transforme en autocratie numérique » », cliquer ICI.

Pour consulter notre rapport, « Aux data, citoyens ! », cliquer ICI.

Pour lire la tribune de Maxime Sbaihi « Taxe GAFA : « Le vieux réflexe de la taxe est dépassé, il est même inefficace et naïf. » », cliquer ICI.

Pour lire la chronique de Gaspard Koenig « Quel prix pour notre vie privée ? », cliquer ICI.

 

Publié le 28/06/2021.

« Osons penser la GPA. » Daniel Borrillo

Dans le journal du CNRS, Daniel Borrillo appelle, après le vote de la PMA pour toutes, à débattre de la GPA pour proposer un cadre légal qui respecte la propriété de soi et l’intérêt de l’enfant.

 

Daniel Borrillo déplore le fait qu’on ne puisse parler de la gestation pour autrui (GPA) en France. Intellectuels, religieux, politiques… presque tous refusent d’en discuter. Hormis pour quelques élus, la GPA suscite une large indignation à droite comme à gauche du spectre politique. Le principal reproche fait par ses opposants est que cette méthode de procréation constitue une atteinte à la dignité humaine, symbolisée à tort comme le chemin vers la marchandisation du corps humain. La pratique n’est pourtant pas nouvelle. Daniel Borrillo donne l’exemple du peuple Mossi en Afrique de l’Ouest ou des Bochimans du désert de Kalahari au sein desquels la conception de la parenté n’est pas exclusive.

« La GPA proprement dite est celle dans laquelle l’ovocyte provient soit de la mère d’intention, soit d’une donneuse. La femme qui porte l’enfant ne participe donc pas à la conception de celui-ci, elle n’a aucun lien génétique avec lui. Il existe cependant des cas de figure où l’ovule provient de la femme porteuse, on doit alors plutôt parler de « procréation pour le compte d’autrui ». »

Alors que le droit prohibe explicitement la GPA, Daniel Borrillo souligne, sondage à l’appui, que de plus en plus de Français y sont favorables. Dans ce cas, pourquoi ne pas en discuter ? Notre expert estime que de nombreuses études vont dans le sens de la légalisation : les enfants nés de la GPA présentent un niveau de bien-être équivalent aux autres et les femmes gestatrices ne rencontrent pas de problèmes psychologiques.

« L’origine de cette réprobation quasi unanime propre à la France est d’abord à chercher, me semble-t-il, dans l’inconscient collectif de nos élites forgé par une vision dogmatique du catholicisme et du marxisme, deux forces idéologiques qui nourrissent la même obsession contre l’individualisme, assimilé à l’égoïsme, et la même haine de l’argent. »

Daniel Borrillo explique que la composition des membres de la famille importe peu comparée à la qualité des interactions de l’enfant avec ses proches. De plus, légaliser la GPA pourrait permettre d’encadrer cette pratique et donc d’éviter des opération clandestines ou hors-la-loi. Le paysage européen est très disparate en la matière. Chaque pays a son propre système juridique et les pays prohibitionnistes sont les plus nombreux (France, Allemagne, Espagne, Italie, Suisse, Pologne, Chine…). À l’inverse, des pays comme le Royaume-Uni, l’Ukraine, la Grèce, le Portugal, la Roumanie, le Canada, l’Inde, la Thaïlande, Israël ou encore la Russie ont légalisé la GPA.

« Nous ne sommes pas tous d’accord sur la nécessité d’autoriser la GPA en France, mais nous estimons tous que cette question épineuse mérite discussion. Il est urgent d’y réfléchir de façon apaisée, en dehors des anathèmes et des arguments d’autorité. »

Alors, quel cadre fixer à la GPA ? Nous avons une proposition. En 2018, GenerationLibre publie « Pour une GPA responsable en France ». Un rapport qui analyse les limites de la prohibition, présente un état des lieux critique des pays où la GPA est actuellement encadrée et propose un modèle de GPA responsable pour la France. Un cadre légal qui garantira le respect des droits de l’ensemble des parties prenantes afin d’éviter toute forme d’abus.


Pour lire l’article « Osons penser la GPA », cliquer ICI.

Pour consulter notre rapport, « Pour une GPA responsable en France », cliquer ICI.

 

Publié le 27/06/2021.

[Lu Ailleurs] : « La liberté est devenue conditionnelle. » Mathieu Slama

Dans Le Figaro, Mathieu Slama constate une dérive liberticide qui s’illustre à nouveau dans la répression des jeunes pendant la fête de la musique.

 

Mathieu Slama estime que les scènes de répression se multiplient et donnent lieu à un nouveau régime de liberté sous conditions. Un fait auquel la crise sanitaire a très largement contribué depuis maintenant plus d’un an. Aujourd’hui, nous sommes à la fois libérés des principales contraintes sanitaires et, en même temps, restreints par de nouvelles conditions. Par exemple, les regroupements de plus de dix personnes étaient interdits lors de la fête de la musique alors que la fête elle-même était autorisée.

« D’un côté Emmanuel Macron cherche à séduire la jeunesse par des moyens marketing d’un cynisme effarant, et de l’autre il l’empêche de faire la fête (…) Le « en même temps » du gouvernement ne tient plus : libérer de manière aussi conditionnelle la jeunesse ne peut aboutir qu’à des scènes de colère. »

Mathieu Slama s’insurge contre les scènes de violence qui se sont déroulées ce 21 juin. Il estime que celles-ci « n’ont pas leur place dans notre démocratie » et que la démonstration de force de l’État est démesurée face à une jeunesse qui fait seulement la fête. Mathieu Slama explique que cette répression est d’autant plus injuste lorsqu’on sait que les jeunes ont été les grands sacrifiés de la pandémie.

« Au nom d’un ordre sanitaire qui ne pouvait se discuter, nous sommes entrés dans une ère du soupçon généralisé, où la liberté est devenue conditionnelle et la discipline des corps la règle principale. »

D’après Mathieu Slama, ce qui fut d’abord présenté comme des solutions provisoires à la crise sanitaire s’est progressivement institué (codes QR, pass sanitaire). Cette liberté sous conditions est rendu pérenne par le recours à la force ainsi que la surveillance numérique. À l’inverse, Mathieu Slama décrit la liberté comme étant à la fois inconditionnelle et transgressive. Dans un contexte de démission démocratique, il rappelle qu’il n’y a « pas de démocratie sans liberté, comme il n’y a pas de liberté sans transgression. »


Pour lire l’article « Fête de la musique: « Certaines scènes de répression illustrent une dérive liberticide inquiétante » », cliquer ICI.

Pour consulter notre Observatoire des Libertés Confinées, cliquer ICI.

 

Publié le 24/06/2021.

IA : « Je ne veux pas vivre à Pékin-sur-Seine. » Gaspard Koenig

Dans Les Echos, Gaspard Koenig constate un usage inquiétant de la technologie par les pouvoirs publics et s’insurge contre la proposition de Valérie Pécresse.

 

Gaspard reproche à Valérie Pécresse de vouloir mettre en place la reconnaissance faciale dans les transports en commun en Île-de-France. Si une telle mesure est mise en oeuvre, demain, nous ne pourrons plus monter dans le RER sans être identifié. Gaspard déplore que la lutte contre le terrorisme prenne à nouveau le pas sur le libertés publiques.

« Que plus d’un tiers des votants puissent approuver un tel programme en dit long sur notre renoncement collectif aux libertés et, en l’espèce, au respect de nos données les plus personnelles : les traits de notre visage ! »

De façon plus générale, Gaspard s’inquiète que la technologie soit utilisée par le législateur à des fins de surveillance. Pire encore, ce dernier a tendance à railler le conservatisme des autorités de la protection des données et à vanter l’action chinoise depuis un an. Dans un récent rapport sénatorial, des élus proposent, en cas d’urgence, de mettre en place des « mesures intrusives » afin de collecter massivement et croiser des données personnelles. Gaspard rappelle que depuis 2015 des mesures d’exception sont devenues des règles de droit.

« Voltaire a donné la formule d’une société libre : « Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. » De même, il vaut mieux hasarder de laisser un fiché S ou un variant en liberté que de mettre sous surveillance des millions d’innocents. »

Gaspard explique que cette volonté des pouvoirs publics de tout contrôler fait peser de graves risques sur la société : paralysie de l’action publique, censure, faux positif, piratage, etc. À l’inverse, il pense que la technologie doit avant tout être au service de l’être humain. Tel est l’objectif du think tank Urban AI qui appelle à « urbaniser la technologie » ou encore de Frank McCourt, propriétaire de l’Olympique de Marseille, qui finance le Project Liberty, une initiative qui prône l’usage de la blockchain pour que les citoyens reprennent le contrôle sur leurs données personnelles. Cela vous rappelle-t-il une certaine proposition de GenerationLibre ?


Pour lire la chronique, cliquer ICI.

Pour consulter notre rapport « Aux data, citoyens ! », cliquer ICI.

 

Publié le 23/06/2021.

Dépendance : repenser la solidarité intergénérationnelle

Dans l’Opinion, Maxime Sbaihi souligne l’impréparation de la France face au vieillissement démographique et appelle à repenser notre mécanisme de solidarité intergénérationnelle.

 

Maxime déplore que la réforme des retraites et celle de la dépendance ne soient systématiquement que partie remise. Pourtant, le vieillissement de la population est un phénomène bien réel, un problème inédit et collectif auquel nous devons nous atteler pour maintenir notre système de financement à l’équilibre.

« La France vieillit comme jamais. Les plus de 60 ans représenteront un tiers de la population en 2050, et la proportion des plus de 75 ans devrait dépasser les 15 % d’ici à 2070. »

D’après Maxime, la dépendance impose une pression croissante sur notre système. D’ici 2050, la proportion de personnes âgées en perte d’autonomie sera deux fois plus élevée qu’aujourd’hui. À l’appui d’une note du think-tank Matières Grises, Maxime alerte sur le fait qu’à partir de 2030 « le besoin de financement va croître de façon quasi-exponentielle. » De même, le rapport Vachey estime que trois à cinq milliards d’euros seront nécessaires pour compenser le vieillissement de la population d’ici 2024.

« C’est un fait : notre démographie vieillissante déséquilibre tellement la solidarité intergénérationnelle, sur laquelle repose notre modèle social, que ses bénéficiaires sont désormais, en moyenne, plus riches que ses contributeurs. »

Maxime explique que, pour les retraites comme pour la dépendance, l’origine du problème est le même : il n’y a plus assez d’actifs pour financer ces mécanismes de solidarité. Si le niveau de vie des retraités est plus élevé que celui des actifs, c’est pourtant sur ces derniers que repose tout notre modèle social. Alors faut-il imposer aux actifs une deuxième journée de solidarité ? Non, répond Maxime, car « faire payer l’impréparation du vieillissement démographique aux actuelles et futures générations d’actifs, en augmentant des taux de cotisation déjà records, atteint ses limites. » Il est temps de revoir notre modèle de financement « pour que le coût du vieillissement soit partagé entre toutes les classes d’âge, y compris les baby-boomers. »


Pour lire la chronique, cliquer ICI.

Pour consulter le rapport « La retraite quand je veux », cliquer ICI.

 

Publié le 22/06/2021.

[Lu Ailleurs] Rousseau est-il si loin de Hayek ?

Dans Contrepoints, Guillaume Moukala Samé s’essaie à une interprétation libérale de la pensée politique de Jean-Jacques Rousseau.

 

Guillaume Moukala Samé souligne que le philosophe n’est pas très populaire chez les libéraux et que certains de ses propos sont controversés. Pourtant, nombre de ses écrits défendent ardemment l’idée de liberté. Dans son article, Guillaume Moukala Samé démontre, en trois parties, comment la philosophie de Rousseau peut s’apparenter à des préceptes libéraux.

« La question que tout le monde se pose : si l’état de nature était si paradisiaque, alors pourquoi les Hommes en sont-ils venus à se former en sociétés ? »

Guillaume Moukala Samé entend, avant toutes choses, clarifier le concept du contrat social. Rousseau déclare que la première et la seule société naturelle est la famille. Seulement, le naturel se distingue du social à partir du moment où l’Homme s’éloigne de sa condition primitive et donc de l’état de nature. Par exemple, la famille devient une convention sociale dès lors qu’elle continue d’exister malgré l’âge adulte atteint par l’enfant.

À l’instar des libéraux classiques, Rousseau déclare que la coopération sociale devient nécessaire et même bénéfique pour assurer la survie de tous les individus à l’état de nature. Leur « condition primitive ne peut donc durer ; le genre humain périra s’il ne change pas son mode d’existence » écrit le philosophe dans le Contrat social. Rousseau constate que les hommes se portent mieux lorsqu’ils unissent leurs forces et c’est ici que sa théorie se rapproche d’auteurs libéraux. Pour Guillaume Moukala Samé, son idée correspond à la fois à la division du travail d’Adam Smith, la loi de l’association de David Ricardo ou encore à la définition de la société humaine par Ludwig von Mises.

« L’Homme libre est décrit comme quelqu’un qui « n’obéit qu’à lui-même », ce qui est tout à fait compatible avec la définition libérale de la liberté, la fameuse liberté négative, c’est-à-dire l’absence de coercition. »

Dans l’état de nature, l’Homme jouit d’une « liberté naturelle », il est entièrement libre et n’a à obéir à aucune loi. À l’inverse, dans une société, l’Homme est soumis à une « liberté civile », il s’obstine à respecter la loi tout en cherchant à être libre. Tout manque de respect envers la loi appelle à une réponse coercitive de l’État. Guillaume Moukala Samé explique que la distinction entre ces deux termes est importante pour comprendre le Contrat social de Rousseau.

Guillaume Moukala Samé estime que le Contrat social de Rousseau peut être mise en parallèle avec la thèse du rule of law de Friedrich Hayek. Pour lui, « la loi et la liberté ne sont pas en contradiction, mais elles « s’appellent l’une l’autre ». » Si la loi peut paraître a priori être une contrainte, elle est pourtant un moyen pour rendre l’Homme libre.

« Quand nous obéissons aux lois, c’est-à-dire à des règles générales abstraites établies indépendamment de leur application à notre cas particulier, nous ne sommes pas soumis à la volonté d’autrui et nous sommes donc libres. » Friedrich Hayek

La légitimité de la loi repose quant à elle sur un autre concept développé par Rousseau : la volonté générale. Guillaume Moukala Samé soutient que « « la suprême direction de la volonté générale » de Rousseau n’est rien d’autre que le rule of law d’Hayek, et que les règles générales et abstraites d’Hayek ne sont rien d’autre que la volonté générale de Rousseau. » La volonté générale a deux caractéristiques. La première, c’est qu’elle repose sur un intérêt commun, raison pour laquelle les Hommes se réunissent et forment une société. « Une atteinte à la liberté d’un seul individu est une atteinte à la société entière. » L’autre caractéristique de la volonté générale est qu’elle s’applique à tous sans distinction.

« Dans la pensée de Hayek, le fait que les lois s’appliquent également à tous, contrairement aux privilèges, est une garde-fou : comme la loi s’applique aussi à ceux qui la font, cela dissuade le législateur d’imaginer des lois oppressives. »

Tout comme Rousseau, Hayek pense que la loi doit être abstraite et générale afin de pas cibler des individus. Celle-ci doit s’appliquer de manière égale à tous les individus. Les écrits des deux auteurs sont particulièrement similaires sur cet aspect. L’individu renonce, par exemple, à la liberté de tuer dont il jouissait dans l’état de nature pour un bien plus grand qu’est la liberté civile ainsi que la sécurité des personnes et des biens.


Pour lire l’article « Rousseau était-il libéral ? », cliquer ICI.

 

Publié le 18/06/2021.

« Il est temps de déconjugaliser le droit ! » Gaspard Koenig

Des aides sociales aux impôts des ménages, Gaspard Koenig dénonce dans Les Echos une vision patriarcale de la famille et appelle à individualiser notre système socio-fiscal.

 

Gaspard déplore le fait que de nombreuses aides, comme l’allocation versée aux adultes handicapés (AAH) ou le revenu de solidarité active (RSA), soient conditionnées aux revenus du foyer fiscal. Pour lui, individualiser ces versements est une évidence pour que chaque personne soit indépendante des revenus de son conjoint ou sa conjointe.

« Comme si l’amour devait vous priver de droits. Comme si partager une histoire revenait à partager un handicap. Comme si l’aide d’un proche dispensait de celle de la société. »

Gaspard reproche au système français une « conjugalisation » des aides sociales. Une situation à la fois ubuesque et sordide, qui s’illustre lors des contrôles opérés par des inspecteurs de l’État : ceux-ci vont jusqu’à vérifier l’intimité des individus, par exemple en vérifiant le nombre de brosses à dents dans la salle de bain, pour justifier leurs allocations.

« Cette question de la conjugalisation se retrouve dans toutes les strates de notre système socio-fiscal (…) Les meilleurs connaisseurs de ce système humainement indéfendable sont les premiers à le dénoncer. »

Dans notre deuxième ouvrage, La famille par contrat, aux éditions Puf, notre expert Daniel Borrillo propose de considérer la famille comme un arrangement purement privé, dont la loi ne saurait se mêler. Ainsi, la contractualisation et la déjudiciarisation sont les principes qui permettront d’accompagner ce processus et surtout de garantir la pluralité familiale. Cette révolution juridique implique plusieurs réformes majeures de notre droit comme la suppression des régimes matrimoniaux et de la réserve héréditaire, ou encore la légalisation de la GPA.

« L’esprit commun de toutes ces dispositions, c’est que la famille reste considérée comme l’unité fondamentale de la société. »

Gaspard regrette surtout un système socio-fiscal injuste, hérité du Code civil napoléonien, où la famille est l’unique unité de valeur. Ce qui devait être un choix personnel est devenue une norme sociale. À l’inverse, Gaspard considère que la famille est une association d’individus. Mais c’est le choix de l’individu. La constitution du foyer est une décision personnelle dans laquelle l’État n’a pas à s’immiscer.

Concernant la politique familiale, au lieu d’en changer sans cesse la lettre et le chiffre, il serait plus utile d’en interroger l’esprit. C’est l’objet de notre rapport « Une autre politique familiale est possible ! » dans lequel notre expert Marc de Basquiat propose l’instauration d’un forfait unique par enfant, défini selon les besoins de l’enfant, et non selon le niveau de vie de la famille. Un revenu universel pour chaque enfant.


Pour lire l’article « Nos politiques sociales, reflet de notre inertie patriarcale », cliquer ICI.

Pour consulter notre ouvrage « La famille par contrat », cliquer ICI.

Pour consulter notre rapport « Une autre politique familiale est possible ! », cliquer ICI.

Pour consulter notre rapport « Liber : un revenu de liberté pour tous. », cliquer ICI.

 

Publié le 16/06/2021.

[Lu Ailleurs] : « Le réchauffement climatique est la grande défaillance du marché. » Jean Coldefy

Dans Le Monde, Jean Coldefy estime qu’il est nécessaire de donner un prix à la pollution afin d’allier transition énergétique et innovation.

 

Jean Coldefy explique que nous vivons dans un monde d’abondance et que nos sociétés se sont énormément développées depuis le début du siècle dernier. Pour lui, c’est un succès de l’économie de marché. Pour autant, le marché ne prend pas en compte la plus grande des externalités négatives : le réchauffement climatique. Alors comment limiter les émissions de carbone ?

« Deux philosophies s’affrontent aujourd’hui : celle de la décroissance, qui milite pour la baisse de la consommation, et celle d’une décarbonation de nos activités par l’innovation. »

Jean Coldefy pense que la décroissance n’est pas une solution viable. L’expert rappelle que c’est l’abondance produite par l’économie de marché qui finance notre système de protection sociale. De même, l’auteur estime que cette « voie dépressive » n’a aucun avenir : si elle espère rationner la population, elle aura pour première victimes les classes populaires. Quant à la décarbonation, la seule inconnue est de savoir si l’innovation pourra réellement permettre de réduire notre empreinte écologique. Personne ne peut l’affirmer aujourd’hui.

« La pensée exclusive française, « interdire et subventionner », si bien illustrée par la Convention citoyenne sur le climat, est un vrai handicap pour lutter contre le changement climatique. »

À contre-courant de certains mauvais réflexes français, Jean Coldefy est persuadé qu’il faut donner un prix au gaspillage et à la pollution. Le marché, par la régulation ou par des mécanismes incitatifs, doit inciter les agents économiques à modifier leur comportement afin de décarboner l’économie. À l’inverse des populistes qui prospèrent sur un sentiment d’inégalité, la transition énergétique est pour Jean Coldefy une occasion unique de se rassembler autour d’une cause commune. La voie de la confiance, de la science et de l’innovation doivent guider nos pas.


Pour lire l’article « Transition écologique : « C’est en donnant un prix aux choses que l’on évite gaspillages et pollutions » », cliquer ICI.

Pour consulter notre note « Supprimer les subventions aux énergies fossiles », cliquer ICI.

 

Publié le 11/06/2021.

S'inscrire à la Newsletter