Logement : que pensent la Fondation Abbé Pierre et la FNAIM de nos propositions ?

Dans Capital, la Fondation Abbé Pierre, l’Institut du management des services immobiliers et la FNAIM réagissent à notre proposition de bail simplifié. Jugée radicale, elle ne laisse pas indifférent.

 

Le magazine économique rappelle ce constat, qui fait consensus parmi les spécialistes du logement, et formulé dans notre rapport « Le logement pour tous » : malgré un parc de logements des plus étoffés au monde, « avec 590 logements pour 1.000 habitants », 3 millions de logements restent inoccupés toute l’année tandis que 4 millions de personnes sont mal-logés.

« En contrepartie de cette possibilité qui lui est donnée d’expulser rapidement le locataire [en cas de défaut de paiement de loyer], il sera interdit au propriétaire d’exiger d’un candidat locataire des fiches de salaire. » Capital

Notre expert François-Xavier Oliveau passe sur le grill de plusieurs acteurs du logement, dont les responsables critiquent la proposition phare de bail simplifié au cœur de notre dernière publication, qui déséquilibrerait encore davantage selon eux le rapport de force entre propriétaire et locataire, en faveur du premier. Pour le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, la déréglementation du marché fait craindre une « explosion des expulsions locatives ». Henry Buzy-Cazaux, aussi membre du Conseil national de l’habitat qui partage notre constat, ne fait quant à lui « pas confiance aux bailleurs privés pour établir des contrats équilibrés ». Le président de la FNAIM, séduit par la proposition, émet des réserves sur sa pertinence dans les zones tendues.

« Le marché est bloqué et le rapport de force est effectivement en faveur du propriétaire. Mais on ne manque objectivement pas de logements. C’est donc bien en augmentant l’offre qu’on rééquilibrera le marché. » François-Xavier Oliveau

Repris par Capital, François-Xavier Oliveau répond à ces critiques en expliquant que le rapport de force déjà déséquilibré en faveur du propriétaire s’explique par un manque d’offre locative et par une sur-réglementation des transactions. Pour lui, la caricature réside dans la présentation de la question du logement comme une lutte des classes permanente entre locataires et propriétaires. De façon originale, GenerationLibre choisit dans sa dernière publication de l’aborder sous l’angle d’un marché qu’il faut rendre plus fonctionnel. Notre conviction : si le rapport de force peut se rééquilibrer, c’est en facilitant les transactions non seulement avec un bail simplifié (de nombreux pays ont un système avec une libre durée de bail) mais aussi avec une fiscalité (transférée de l’usage vers l’usufruit) qui incite les propriétaires à remettre leur bien sur le marché locatif.

Dans sa présentation exhaustive du rapport, Capital relève notamment le mécanisme imaginé pour protéger le locataire, qui peut recourir à un prêt à taux zéro « en cas d’insuffisance réelle et constatée de ses ressources ». Cette option d’accompagnement par l’État serait intemporelle et viendrait remplacer la trêve hivernale. Christophe Seltzer intervient à ce sujet lors d’un événement organisé par la FNAIM le mardi 30 novembre prochain.


Pour lire l’article de Capital, cliquer ICI.

Pour s’inscrire au congrès immobilier de la FNAIM, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « Le logement pour tous », cliquer ICI.

 

Publié le 22/11/2021.

[Lu ailleurs] Passe sanitaire : éloge de la proportionnalité – Abdennour Bidar

Dans Le Monde, le philosophe Abdennour Bidar appelle l’État à justifier le caractère proportionnel de sa politique sanitaire et ainsi faire des citoyens « des être doués de raison ».

 

En juillet 2021 était voté le projet de loi incluant l’instauration du passe sanitaire dans l’extension de l’état d’urgence sanitaire. Pour Abdennour Bidar, le Conseil d’État n’a que trop peu invoqué le principe de proportionnalité dans son avis, principe qui consiste à « assurer en priorité la garantie des droits fondamentaux ».

« [L’État] serait par là même transparent en proposant la « publicité » de [son] action, au sens qu’Emmanuel Kant donnait au concept : un État est démocratique quand il expose « publiquement » les motifs de son action pour donner aux citoyens les pleins moyens d’en juger par eux-mêmes. »

Pour Abdennour Bidar, la notion de proportionnalité devrait avoir une plus grande place dans le débat public afin de faire des citoyens « des êtres doués de raison ». En ne diffusant que le taux d’incidence, l’État oublie de le relativiser par la proportion de personnes contaminées et crée, comme le note Vincent Delhomme dans sa tribune d’octobre 2021 sur le passe sanitaire, un terreau favorable à l’extension continue de l’état d’urgence.

« Un taux d’incidence moyen de 189 au niveau national, et supérieur à 500 dans certains départements […] signifie que la proportion de personnes contaminées est comprise entre 0,189 % et 0,5 % de la population. Pourquoi ce pourcentage n’est-il jamais mobilisé ? »

Pour le philosophe, l’État devrait davantage « s’interroger à haute voix » sur le caractère proportionnel de ses décisions. Dans sa note « Covid-19 : analyse coûts-bénéfices des confinements » publiée en mai 2021, GenerationLibre s’est livré à cet exercice périlleux mais au combien démocratique de discuter la proportionnalité des confinements. Sans prétendre avoir une réponse définitive, le think-tank a mis en rapport, sur la base de premières données partielles, les années de vie gagnées par ceux qui auraient pu mourir de la Covid-19 avec celles perdues par les déclassés économiques.

« Une sage politique réussit, en particulier en temps de crise, à conjuguer le maximum de sécurité avec le maximum de liberté. Est-ce bien le cas actuellement ? Chacun jugera. »

Pour Abdennour Bidar, « toute politique qui réduit les libertés doit le faire avec la plus grande mesure, en retenant son pouvoir » : la proportionnalité doit aller de pair avec la modération. Depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, nous surveillons toutes les libertés suspendues avec notre « Observatoire des libertés confinées » afin de s’assurer qu’elles nous soient toutes rendues.


Pour lire la tribune d’Abdennour Bidar, cliquer ICI.

Pour consulter notre « Observatoire des libertés confinées », cliquer ICI.

Pour lire la tribune de Vincent Delhomme « Il est grand temps que le passe sanitaire finisse aux oubliettes », cliquer ICI.

Pour consulter notre « analyse coûts-bénéfices des confinements », cliquer ICI.

 

Publié le 19/11/2021.

Et si Pompidou, c’était mieux que de Gaulle ? – Gaspard Koenig

Gaspard Koenig brocarde dans Les Échos la verticalité de la politique gaulliste et lui préfère la volonté simplificatrice de Georges Pompidou.

 

Chaque année, toute la classe politique célèbre unanimement la mémoire du Général de Gaulle, louant son panache et son héroïsme qui a fondé la France libre et mené la résistance. Ses dix années passées à la tête de l’État français mobilisent la nostalgie tant des nationalistes qui regrettent la grande puissance qu’était la France, que des socialistes qui y voient le programme du CNR, ou des libéraux qui relatent de la prospérité des Trente glorieuses.

« De Gaulle fut vigoureusement combattu, par les communistes et l’extrême-droite bien sûr, mais aussi par les jeunes soixante-huitards épris de liberté qui lui retournèrent aimablement l’accusation de « chienlit ». »

Gaspard rappelle que des libéraux comme Raymond Aron et Jean-François Revel ont dénoncé sa tentation monarchiste et invoque l’ouvrage de Franz-Olivier Giesbert « Histoire intime de la Ve République », qui, quoique très tendre à l’égard du Général, relate tant le gaullisme résistant que l’anti-gaullisme politique de ses parents qui iront jusqu’à le qualifier de dictateur.

« La centralisation du pouvoir s’accompagne logiquement d’une crise de l’autorité. Plus l’État se veut fort, plus il sape les fondements de sa propre légitimité. »

Charles de Gaulle part du constat de « l’anéantissement de l’État » en 1940 pour structurer son action politique. Ce faisant, il confie l’administration aux diplômés de l’ÉNA (créée en 1945 par le gouvernement provisoire qu’il présidait), charge le pouvoir politique de planifier l’économie (vision transpartisane à l’époque), et façonne les institutions autour d’un président élu finalement au suffrage universel, qui incarne à lui seul la souveraineté.

Si Gaspard honore le héros de guerre qu’a été le Général ainsi que certaines de ses méthodes, il lui préfère son successeur Pompidou et son usage parcimonieux du pouvoir.


Pour lire la chronique de Gaspard, cliquer ICI.

 

Publié le 17/11/2021.

Logements vacants : et si on modifiait la fiscalité ?

Dans toutes ses éditions locales, Ouest-France détaille le choc fiscal proposé par François-Xavier Oliveau dans notre dernier rapport « Le logement pour tous ». Une refonte de la fiscalité sur l’usage vers l’usufruit.

 

Depuis les années 1970, la politique du logement en France a largement avantagé les propriétaires, dont le pouvoir d’achat a augmenté de 50 %, quand celui des locataires a stagné. Dans le même temps, le parc de logements sociaux rate sa cible, occupé pour moitié par des gens aux « revenus qui font partie des 25 % les plus faibles de la population ».

« [La proposition de GenerationLibre] aboutirait à des contrats de location offrant toute liberté au propriétaire et au locataire pour établir la durée du bail, le céder ou de sous-louer. » Ouest-France

Le quotidien note l’incohérence du système actuel qui délaisse les 4 millions de mal-logés alors que le taux de vacance culmine à 8,4 %. Avec ses propositions, François-Xavier Oliveau propose d’atteindre le taux frictionnel de 3 % via la mise sur le marché de 2 millions de logements.

« [Les suppressions des impôts locaux des revenus locatifs et de la TVA sur les travaux] seraient compensées par la suppression des soixante-six niches fiscales « dénoncées comme illisibles par la Cour des comptes », rappelle François-Xavier Oliveau. » Ouest-France

Alors que la France est le premier pays européen en matière de taxation sur le logement, le rapport défend les suppressions de l’imposition des revenus locatifs et de la TVA sur les travaux, compensées par la suppression de toutes les niches fiscales. Une refonte de la fiscalité qui s’accompagne, dans notre rapport, d’un nouveau contrat de bail plus souple, aux conditions librement décidées par les parties, et d’un cadre légal qui protège davantage le locataire (prêt à taux zéro garanti par l’État en cas d’insolvabilité).


Pour lire l’article de Ouest-France, cliquer ICI.

Pour retrouver notre rapport « Le logement pour tous », cliquer ICI.

 

Publié le 16/11/2021.

Le voile n’est pas une affaire d’État

Dans Slate, notre expert Daniel Borrillo revient sur la campagne « Mon foulard, mon choix » du Conseil de l’Europe qui a été largement critiquée par la classe politique. Il prend le contrepied d’une certaine doxa républicaine et dénonce le paternalisme de ceux qui dénient, sous couvert de laïcité, la capacité de choix des femmes.

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Diverses raisons expliquent la condamnation de la campagne du Conseil de l’Europe « Mon foulard, mon choix » par la classe politique, analyse Daniel. S’il est évident que l’extrême droite la considère comme une promotion intolérable du fondamentalisme islamique, Daniel se désole que la gauche et le Gouvernement fassent preuve de paternalisme lorsqu’ils considèrent que la mise en avant du voile est une atteinte à l’égalité entre les sexes. Pour Daniel, ils font l’erreur de considérer toutes les femmes comme victimes du voile … alors même que certaines y consentent librement ! Ce faisant, ils nient le libre-arbitre des femmes, en contradiction avec les combats féministes, et plus généralement le droit des individus à disposer de leur propre corps. GPA, travail du sexe, port du voile : pour Daniel, si libre consentement il y a, c’est à l’individu de décider ce qu’il fait de son corps.

« De l’extrême droite à la gauche en passant par le Gouvernement, cette campagne est considérée au mieux comme une atteinte à la dignité de la femme, au pire comme un instrument de la propagande islamiste. »

La gauche et le Gouvernement accusent également la campagne d’être une atteinte à la laïcité. Mais Daniel réfute cette idée en rappelant que, en vertu de la loi et de la jurisprudence, l’État ne peut ni « imposer une neutralité dans l’espace public », ni « imposer aux femmes son point de vue » sur le port du foulard. Par ailleurs, Daniel rappelle que la Cour européenne des droits de l’Homme protège l’expression des idéologies minoritaires, le port du voile comme l’inscription du visage de Che Guevara sur les tee-shirts, contre un « droit à ne pas être choqué » qui entrave la liberté d’expression.

« Le principe de laïcité indique qu’il n’appartient pas à l’État de porter une appréciation sur une pratique religieuse tout comme il ne lui appartient pas d’interpréter le sens du port du foulard. »

Pour Daniel, le voile est une manière comme une autre d’enrichir la diversité culturelle de nos sociétés. Citant John Stuart Mill, il rappelle que nos sociétés sont fondées sur le respect des choix d’individus majeurs et consentants, et qu’il est vital d’encourager le multiculturalisme.


Pour lire la tribune de Daniel Borillo, cliquer ICI.

Pour retrouver la conférence de Gaspard Koenig aux « États généraux de la laïcité », cliquer ICI.

Pour retrouver notre rapport « Pour une GPA responsable en France », cliquer ICI.

 

Publié le 15/11/2021.

[Lu ailleurs] Éloge de la raison – Steven Pinker

Dans L’Express, Thomas Mahler fait la recension de « Rationalité », dernier ouvrage de Steven Pinker. Le psychologue cognitiviste et professeur à Harvard se pose en défenseur de la raison face aux « compulsions idéologiques » de la droite identitaire et de la gauche woke.

 

Steven Pinker est l’un des intellectuels les plus influents au monde, connu notamment pour son ouvrage « The Blank State », dans lequel il prophétise dès 2002 la tendance à nier la réalité dans les sciences humaines. Les récentes affaires dans les campus américains lui donnent raison : la science est perçue comme une construction sociale « occidentale » au service de groupes « dominants ».

« [Steven Pinker] défend, à l’aide de nombreuses statistiques, un regard contre-intuitif sur l’état du monde : loin de ce que nous laissent entrevoir les médias ou des intellectuels trop pessimistes, les progrès sont spectaculaires, avec notamment le déclin de la violence depuis la préhistoire. » Thomas Mahler

Dans ses essais publiés dans les années 2010, il met en avant les progrès économiques, scientifiques et politiques qui font de notre époque la plus pacifique de l’histoire. Il s’attaque dans « Rationalité » à la droite identitaire comme à la gauche woke, noyées dans la subjectivité de leurs élites, à l’image des 30 000 mensonges formulés par Donald Trump au cours de son mandat. Plutôt que de rejeter la faute sur les réseaux sociaux, il met en cause la nature humaine avec ses biais cognitifs et ses erreurs de raisonnement.

« [Steven Pinker] déplore une « étouffante monoculture universitaire de gauche » punissant ceux qui remettent en question les dogmes en vogue sur la race, le genre ou la biologie, alors que l’université devrait être un lieu privilégié pour la pensée critique. » Thomas Mahler

Steven Pinker dénonce la « cancel culture » dont il a été victime en 2020 pour avoir critiqué la proposition par des militants d’abolir la police en réaction au meurtre de Georges Floyd. Il appelle l’école et les médias à développer l’esprit critique en usant d’outils intellectuels et de statistiques pour renforcer la capacité à raisonner et relativiser les faits divers choquants.

Pour Steven Pinker, c’est grâce aux institutions comme la science et la démocratie libérale que l’on a connu les progrès de paix et de prospérité.


Pour lire l’article, cliquer ICI.

 

Publié le 12/11/2021.

« Facebook files » : les individus face aux algorithmes des GAFA

Sur France Culture, Cyril de Sousa Cardoso revient sur l’audition de la lanceuse d’alerte Frances Haugen à l’Assemblée Nationale et défend notre proposition d’un droit de propriété sur les données personnelles.

 

Aux côtés du sociologue Dominique Cardon et de la rédactrice en chef de Numérama Marie Turcan, Cyril analyse le bouleversement provoqué par le développement des « réseaux de neurones » sur les algorithmes Facebook. Cette technologie, qui se nourrit des données des utilisateurs des plateformes pour évoluer, peut facilement dériver et exacerber certains comportements du fait des biais cognitifs humains, et favoriserait les boucles complotistes et conservatrices.

« Les développeurs ont la maîtrise de leur code, et s’ils décident d’utiliser des réseaux de neurones, ils en ont la responsabilité. »

D’après Dominique Cardon, cette dérive ne vient pas exclusivement des algorithmes qui sont autant influencés par nos biais individuels que par la manière dont l’information est fabriquée par les média. Toutefois, Cyril maintient que les réseaux sociaux ont une grande responsabilité car ils ont la possibilité de formater leurs algorithmes. Une programmation qui suit des logiques commerciales délétères d’après Marie Turcan, et profite de nos biais pour retenir notre attention afin d’augmenter les bénéfices des plateformes.

 

 

Pour Cyril comme pour Dominique Cardon, le réglage des algorithmes est la clef pour bâtir un modèle respectueux des individus. Cyril est favorable à un audit des algorithmes qui mènerait à une régulation respectueuse des droits individuels, mais reste opposé à responsabiliser les plateformes sur les contenus publiés : les GAFA ne doivent pas être les « juges de la vérité » ni censurer les propos de leurs utilisateurs.

« Sur les plateformes, nous sommes les produits parce que nous n’avons pas la propriété de nos données. »

Pour redonner du pouvoir aux individus face à l’oligopole des GAFA, Cyril milite pour la propriété personnelle des data que défend GenerationLibre depuis 2018. Les réseaux sociaux ne sont gratuits qu’en apparence et l’utilisateur cède à chaque visite ses informations personnelles et son intimité. La propriété des données permettrait la mise en place sur les plateformes d’un système vertueux qui bénéficierait aux individus : ceux-ci, propriétaires de leurs données, pourraient accepter de les céder en échange d’un accès gratuit aux plateformes, ou au contraire choisir de protéger leur intimité et rémunérer les plateformes en contrepartie de leurs services.


Pour retrouver le passage de Cyril sur France Culture, cliquer ICI.

Pour retrouver notre rapport « Aux data, citoyens ! », cliquer ICI.

 

Publié le 12/11/2021.

Nos droits nous imposent-ils des devoirs ? – Gaspard Koenig

Partant de la distinction entre droits naturels et devoirs, Gaspard Koenig défend des droits pour les animaux et un revenu universel inconditionnel pour les Hommes.

 

D’après Gaspard, qui s’appuie sur les écrits du penseur libéral Benjamin Constant, le droit préexiste au contrat social : il est « naturel et imprescriptible » comme l’indique la Déclaration des droits de l’Homme. À l’inverse, le devoir, qui « correspond au droit d’un autre », naît de l’existence de ce contrat social. Le droit est par conséquent prééminent sur le devoir comme ne le laisse pas forcément penser la maxime populaire « il n’y a pas de droits sans devoirs ». Comme le précise Gaspard, « on ne demande à personne de mériter ses droits ».

« Poser des droits avant d’envisager des devoirs, n’est-ce pas l’essence de la modernité ? »

Cette distinction l’amène à se montrer très critique du « revenu d’engagement pour les jeunes » (CEJ) promis par Emmanuel Macron. Puisque ce revenu, comme le RSA d’ailleurs, a été créé pour répondre à la précarité dans une logique de droit à la vie décente, il ne doit pas être conditionné à des devoirs – un pointage – mais être inconditionnel. C’est pourquoi Gaspard et GenerationLibre promeuvent de façon plus cohérente un revenu universel pour tous qui, en assurant des conditions de vie minimales aux individus, les encourage à l’entreprenariat et à l’expérimentation.

Par ailleurs, si les animaux n’ont moralement pas de devoirs, il n’en méritent pas moins d’avoir des droits ! C’est pourquoi Gaspard salue « La déclaration de Toulon » et les propositions du Parti animaliste qui militent pour un statut juridique offrant aux animaux « un droit à ne pas souffrir ». À la clef,  « l’abolition de l’élevage intensif ».


Pour lire la chronique de Gaspard, cliquer ICI.

Pour retrouver notre rapport en faveur du revenu universel, cliquer ICI.

 

Publié le 10/11/2021.

Un revenu universel pour sauver les retraites

Dans Atlantico, notre expert Marc de Basquiat propose d’interfacer son système socio-fiscal de revenu universel avec celui des retraites pour éliminer la grande pauvreté parmi nos aînés.

 

Atlantico publie les bonnes feuilles du dernier ouvrage de Marc de Basquiat « L’ingénieur du revenu universel » dans lequel il rappelle l’intérêt premier d’un régime de retraite public. Cela signifie que les cotisations sont obligatoires et que l’État est le garant des pensions, de sorte qu’elles ne soient affectées ni par la conjoncture économique ni par l’évolution démographique.

Sans parler des inégalités intergénérationnelles, notre système actuel pose des problèmes de solidarité intragénérationnelle : il y a de fortes disparités en fonction du sexe et de la catégorie socio-professionnelle.

« Cet écart est particulièrement prononcé pour les hommes : les 5 % du bas de l’échelle vivent environ dix ans de moins que les 5 % les plus aisés. »

Si les femmes vivent en moyenne 5 ans de plus que les hommes, l’écart atteint 10 ans parmi les hommes, entre plus riches et moins riches. Marc de Basquiat imagine un prélèvement de 25 % dès lors qu’on a atteint un âge minimal à (re)définir. Cette taxe sur les pensions permettrait de redistribuer 450 € à tout retraité, même celui qui n’a validé aucun droit à la retraite.

« Alors que la règle universelle « 500 euros moins 30 % des revenus » s’appliquerait à l’ensemble de la population, ceux qui ont liquidé leurs droits à la retraite seraient soumis à une redistribution nettement plus forte, qui pourrait être formulée ainsi : « 850 euros moins 50 % de tous leurs revenus ». »

Cet exemple viendrait bien sûr compléter le revenu universel de 500 €, système financé par un impôt proportionnel tel que défendu par GenerationLibre depuis 2014. Ainsi, Marc propose de ne pas faire peser le poids des retraites sur les seuls actifs mais via une redistribution intragénérationnelle, entre les retraités eux-mêmes.


Pour lire la tribune de Marc de Basquiat, cliquer ICI.

Pour lire notre rapport « La retraite quand je veux », cliquer ICI.

Pour lire notre article « Comprendre le « socle citoyen » – Un revenu universel pour 2021 », cliquer ICI.

 

Publié le 09/11/2021.

Cinquante nuances de libéralisme – Gaspard Koenig vs Raphaël Enthoven

Dans Philomag, Gaspard Koenig et Raphaël Enthoven, tous deux normaliens et libéraux, confrontent leur conception de la liberté sur le passe sanitaire, la laïcité et l’extrême-droite.

 

Le débat entre les deux philosophes se joue sur des nuances de libéralisme, Gaspard mobilisant notamment John Stuart Mill là où Raphaël Enthoven se réfère largement à Tocqueville.

Sur le passe sanitaire, Gaspard s’oppose frontalement à Raphaël Enthoven en pointant la disproportionnalité de l’outil, pire qu’une obligation vaccinale selon lui. S’il est avéré que le vaccin protège contre les formes graves, l’instauration du passe sanitaire est une première étape vers une société inspirée de la Chine communiste.

« Je trouve aberrant de transformer les serveurs en flics, je pense que c’est à l’État de faire appliquer la loi au lieu d’inciter les gens à se surveiller les uns les autres. »

Raphaël Enthoven défend, lui, le passe sanitaire au nom de la liberté réelle qui serait entravée, en cas de hausse de l’occupation des services hospitaliers, par la liberté individuelle des Français refusant une piqûre. Il défend que la liberté n’est pas l’absence de règles, et qu’au contraire on n’est libre que grâce à l’État de droit.

Gaspard invoque le concept de « préjudice contingent » cher à J. S. Mill dans son ouvrage « De la liberté » : la loi ne doit interdire que les conduites individuelles qui causent des externalités négatives « directes et avérées » sur le reste de la population. Pour lui, le refus de la vaccination n’est pas de celles-là.

« Nous devons lutter contre le terrorisme et la délinquance par les méthodes classiques du renseignement et de la police, et non donner aux croyants d’une religion l’impression que la République les combat. »

S’agissant de la laïcité, Gaspard reprend, dans la loi de 1905, l’amendement cité par l’historien Jean Baubérot, qui interdisait aux curés de porter des soutanes et qui a été rejeté, pour la simple raison que la laïcité implique ni plus ni moins que la neutralité de l’État vis-à-vis des religions. Il fait le parallèle entre ceux qui dévoient le sens originel de la laïcité et ceux qui combattent le communautarisme qui est pourtant une tendance naturelle de l’homme. Il souligne l’indignation sélective en fonction des communautés : on ne s’indigne pas des « ghettos » bourgeois dans les IIIe et XVIe arrondissements ou de la population chinoise du XIIIe décrite par Michel Houellebecq dans Interventions 2020.

À cette vision libérale de la laïcité, Raphaël Enthoven préfère une ligne républicaine. Reprochant à Gaspard de laisser tranquilles les religions, il défend que c’est aux religions de nous laisser tranquilles. Il y a là, pour lui, une différence de nature entre la laïcité réelle et un athéisme d’État, dans lequel il est nécessaire de « critiquer l’Islam [pour] aider cette religion à effectuer sa sécularisation ».

« Les vrais libéraux considèrent qu’on ne peut séparer liberté économique, politique, institutionnelle ou sociétale. Au sein de mon think-tank, GenerationLibre, nous défendons l’unicité de la liberté, déclinée sur tous les champs de la politique publique. »

C’est Marine Le Pen qui parvient à réunir Raphaël Enthoven et Gaspard contre elle. Tous deux lui reprochent de ne défendre que les libertés demandées par son électorat, de la liberté vaccinale contre le passe sanitaire à la liberté d’expression contre les lois mémorielles. Autant de libertés souhaitées par Gaspard, mais qui cachent une panoplie de mesures autoritaires. Il salue néanmoins le choix du mot « liberté » autrefois occulté et qui revient face à l’inquiétude, justifiée selon lui, d’une partie de la population à l’égard de la surveillance technologique et de la planification écologique.


Pour lire l’entretien croisé entre Gaspard et Raphaël Enthoven, cliquer ICI.

Pour lire la chronique « Liberté, liberté chérie », cliquer ICI.

 

Publié le 08/11/2021.

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