Dans sa chronique pour l’Opinion, notre présidente Monique Canto-Sperber appelle à lutter contre l’instrumentalisation des universités par une pensée unique. Elle les enjoint à retrouver les fondements de leur autorité intellectuelle et recréer du vrai débat.
Depuis sa création à Berlin au début du XIXe siècle, l’Université Humboldt a propagé un idéal fondé sur la liberté de discussion, l’esprit critique et l’absence de censure. Il a influencé la refondation du système universitaire en France, marqué par des principes républicains incluant le rejet de toute discrimination fondée sur les origines ethniques ou sociales. Après la Seconde Guerre mondiale, pendant plusieurs dizaines d’années et dans les nations libres, l’université a libéré les étudiants de tous les déterminismes sociaux, ethniques et nationaux.
« Nous devons résister pour défendre l’indépendance des universités contre toute hégémonie d’une seule pensée, quelle que soit sa force d’intimidation morale, et contre toute propagande. »
Dans les années 1990 aux États-Unis, l’émergence du multiculturalisme a conduit les étudiants issus des minorités à prendre conscience de leur invisibilisation par assimilation et à revendiquer leur identité. La sensibilité accrue aux inégalités, perçues comme héritées des politiques coloniales, avait été initiée par la politique de discrimination positive mise en œuvre dès 1961.
L’aplanissement des différences n’est plus vu comme un facteur d’égalité, mais comme l’ignorance des séquelles de la ségrégation passée. Les étudiants exigent alors une vigilance constante contre les propos offensants et un engagement pour les causes décoloniales, y compris au détriment de la libre expression des opinions divergentes.
« L’université, alors transformée en lieu de propagande, n’a plus de raison d’être, et elle risque d’être vite instrumentalisés par de véritables militants, dont les objectifs politiques sont clairs.»
Notre présidente constate que l’irruption de la question israélo-palestinienne marque un changement dans la perception des universités françaises par certains étudiants. Elles ne sont plus des lieux de débat mais des places-fortes à occuper et à transformer en foyers d’« unanimisme moral et politique ». Monique rappelle que les étudiants désireux de s’exprimer au sein de l’université doivent accepter son cadre : argumentation et droit de réfutation.
Pour lutter contre les risques d’une montée de la pensée unique, notre présidente appelle à rétablir les fondements de l’université. Afin de garder son « autorité intellectuelle », elle doit s’élever au-dessus des attaques de la morale subjective et résister « contre l’affaiblissement de la rationalité et des valeurs de l’humanisme ».
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Publié le 16/05/2024.