Force est de constater que nombreux sont les français qui conservent un regard biaisé et une vision caricaturale du libéralisme. Son rejet est quotidien, dans les universités, sur les ondes, en plateaux… La tradition libérale se retrouve excommuniée dans un pays qui l’a pourtant théorisée. Face à ce constat, Edouard Fillias, Président et fondateur d’Alternative libérale a acquis la conviction qu’avant d’être politique le combat doit être culturel. « Pour remporter la bataille des urnes, gagnons d’abord celle des idées » nous dit-il. C’est le sens de son engagement au sein du think tank GenerationLibre qu’il souhaite aujourd’hui partager.
On brocarde souvent les libéraux par la caricature. On les décrit, ad nauseam, tels les chantres idiots ou cyniques du renard libre dans le poulailler. Assimilés, ce qui est un profond contre-sens, à une classe de rentiers possédants et de patrons prédateurs, on les perçoit comme les agents du statu quo et de la prédation d’une élite sur le peuple.
Si seulement les contempteurs, éternellement satisfaits, du libéralisme, pouvaient lire Steven Pinker ou Johan Norberg, ils apprendraient que les progrès rapides du libre-échange depuis la seconde guerre mondiale ont fait reculer la mortalité infantile, la guerre, les épidémies et l’analphabétisme, notamment des femmes, sans commune mesure dans l’histoire de l’humanité. Le concept de « pays en voie de développement » a disparu alors qu’avançait l’économie libre de marché et, dans une moindre mesure, la démocratie libérale.
Si le libéralisme ne se réduit pas au libre-échange, loin s’en faut, ce dernier en est une composante essentielle, au même titre que la liberté individuelle. La conviction que la liberté du commerce est une source de progrès social tout comme de performance économique est au centre de l’incroyable amélioration du sort de l’humanité.
« Pour expliquer ce rejet des libéraux, il est d’usage de rejeter la faute sur la culture française, parfois sur l’opposition historique des journalistes et intellectuels. Je crois que ce sont là des causes bien secondaires. La raison de ce hiatus est à chercher en nous-mêmes, qui nous définissons comme libéraux. »
Alors pourquoi certains, nombreux, peuvent-ils encore attaquer le libéralisme comme au temps des soviets, comme si le débat entre Aron et Sartre n’avait définitivement pas été tranché par l’Histoire ? Nous voici avec une cohorte de commentateurs bien pensants, ultras de toutes sortes, qui ne voient opposer à leurs attaques aucune répartie. Ils sont figés dans les années cinquante, comme si le Venezuela de Chavez avait la moindre chance de succès, que Cuba était un modèle, comme si les prélèvements obligatoires n’avaient pas déjà atteint en France près de 50 % du PIB sans aucun impact positif avéré sur notre croissance ou notre emploi.
Pour expliquer ce rejet des libéraux, il est d’usage de rejeter la faute sur la culture française, parfois sur l’opposition historique des journalistes et intellectuels. Je crois que ce sont là des causes bien secondaires. La raison de ce hiatus est à chercher en nous-mêmes, qui nous définissons comme libéraux. Faisons amende honorable : les premiers à défendre le libéralisme, aussi désintéressés et volontaires qu’ils eussent été, et je compte parmi eux, ont fait de nombreuses erreurs. L’orgueil d’abord, d’avoir raison contre tous et de le claironner sans égard pour l’opinion de l’autre, dans une absence totale d’empathie. L’indifférence, ensuite, à l’évolution tragique d’une partie de la société en prise avec les ruptures brutales de la technologie et de la mondialisation.
« La pire erreur que nous ayons commise, c’est l’esprit de système {…} le rétrécissement de notre perspective à la seule question économique a contribué à cette cécité, comme si le seul enjeu qui vaille était la poursuite d’une concurrence pure et parfaite. »
Mais la pire erreur que nous ayons commise, c’est l’esprit de système. Amoureux d’une logique intellectuelle, nous avons construit des cathédrales baroques de pensées, économiques, philosophiques, pour en explorer toutes les ramifications jusqu’à l’ordre libertarien, cette utopie glorieuse de la raison promue par Ayn Rand. Le rétrécissement de notre perspective à la seule question économique a contribué à cette cécité, comme si le seul enjeu qui vaille était la poursuite d’une concurrence pure et parfaite. Ce systématisme est malheureusement à l’origine du repli en nous-même. Et ce repli, de notre indifférence grandissante face à la réalité du monde. Professeurs, militants, hommes politiques libéraux en France sont devenus une caste, un peu isolée, consciente de sa différence mais impuissante à la partager au profit du plus grand nombre. Un triste destin alors que partout dans le monde ont triomphé nos vues, qui semblent aujourd’hui à nouveau contestées par le populisme et le protectionnisme, ces deux frères jumeaux maudits.
GenerationLibre, le think tank imaginé et conçu par Gaspard Koenig en 2013, signe le début d’un renouveau pour le combat des idées que nous menons depuis si longtemps. Il est le think tank libéral dont nous avions besoin pour ressourcer notre vision du monde dans les principes, tout en les confrontant aux réalités nouvelles. C’est l’œuvre d’une équipe qui est aussi une génération, différente, avec un rapport nouveau à la chose publique. Génération Libre s’est attaquée d’emblée à l’essentiel : d’un côté, le rôle de l’Etat et l’organisation de la protection sociale dans un monde ou le travail change, de l’autre, la technologie et ses conséquences profondes sur nos vies, et donc nos libertés.
« GenerationLibre, Le think tank imaginé et conçu par Gaspard Koenig en 2013 signe le début d’un renouveau pour le combat des idées que nous menons depuis si longtemps {…} loin de tout esprit de système, il reconstruit une proposition libérale. »
Loin de tout esprit de système et de mesures mille fois visitées, avec l’humilité de faire appel aux meilleures expertises, GenerationLibre reconstruit une proposition libérale. A travers ses travaux sur le Revenu Universel ou Liber, la patrimonialité des données, la GPA ou la dette publique, GenerationLibre n’a cessé de renouveler, basées sur un solide socle philosophique, les propositions libérales. Décrié parfois, critiqué souvent, l’œuvre du think tank ne laisse personne indifférent, comme en atteste son très vif succès médiatique. Il est désormais un interlocuteur incontournable pour tous ceux, élus, experts, de tous bords, qui font la décision publique. Il n’est pas étonnant, d’ailleurs, qu’il trouve ses premiers adversaires parmi certains libéraux eux-mêmes, surpris d’une telle audace.
Aujourd’hui, GenerationLibre va plus loin et pose une question simple aux nouveaux transhumanistes : renoncer à la contribution majeure des Lumières et à notre civilisation pétrie d’humanisme et du droit individuel de propriété et de liberté, est-il souhaitable ? Gaspard Koenig, Maxime Sbaihi et leur équipe ont des racines, ancrées dans le passé, et une modernité : la technologie est un espoir, mais dans le tandem qu’elle formera demain avec l’humanité, pas comme une remise en cause de nos droits chèrement conquis.
L’avenir est donc à écrire. Face aux renouveaux populistes et protectionnistes qui surgissent de toute part et du cœur même de notre civilisation, en Italie, en Autriche, en Allemagne, aux Etats-Unis, il faut combattre. Face aux technologies qui vont changer nos vies radicalement et susciter de nombreuses questions, il faut nous donner des repères. Je sais que GenerationLibre sera le fer de lance de cette action nécessaire.
Édouard Fillias.
Cofondateur de Liberté Chérie et d’Alternative libérale. Vice-Président de GenerationLibre.