Dans La Croix, notre chercheuse associée Loriane Lafont-Grave signe une tribune sur l’« affaire Stanislas » qui a ébranlé le monde de l’éducation. Qu’est-ce-que révèle de la France l’ambivalence de traitement entre ce lycée catholique et le lycée musulman d’Averroès ?
Accusé d’homophobie, le lycée privé catholique Stanislas – sous contrat avec l’État est depuis quelques semaines sous le feu des critiques. Une plainte a été déposée et l’enquête est en cours, ce qui n’empêche pas de dégager déjà, parmi les scories de la critique, une double opposition caractéristique de la discorde : le privé fonctionne sur un régime différent que celui du public, et ce dernier, quand il est religieux, serait nécessairement contre la modernité.
« L’idée de « séparatisme religieux » est un poison qui s’est mis à hanter le débat public et dont il faut se déprendre. Un poids inouï a été accordé à cette idée ces derniers temps, notamment à l’endroit de la communauté musulmane qui ferait sécession. »
L’enseignement privé, qu’il soit catholique ou musulman est loin de l’image parfois puritaine et hermétique à laquelle il est associé. D’ailleurs, beaucoup d’élèves font l’aller-retour entre le privé et le public, indépendamment de la dimension religieuse.
Avec Montaigne, notre chercheuse nous livre une lecture permettant de dépasser la controverse. Il faut préserver la « liberté d’aller et venir » tandis que la dualité public/privé doit se tempérer. À la suite du philosophe et essayiste, Loriane montre l’importance de cultiver la charité, l’ouverture d’esprit et son jardin.
« C’est [la liberté d’aller et venir] qu’il faut conserver en se gardant bien de se mettre à vanter « une paroisse » plutôt qu’une autre, aussi laïque soit-elle. »
Notre chercheuse précise toutefois que faire preuve de prudence et d’entendement n’exonère pas le privé de lutter contre des risques de fanatisme, comme l’école publique de s’investir dans un processus de réforme nécessaire pour la réussite de tous les élèves.
Loriane appelle ainsi à un traitement équipollent entre Averroès et Stanislas, à la nécessité de faire preuve d’une certaine tolérance dans le traitement des faiblesses du privé et à surtout ne pas faire de l’enseignement le réceptacle des passions populaires.
Pour lire l’article de La Croix, cliquer ICI.
Pour (re)lire notre rapport « Un contrat pour les établissements scolaires », cliquer ICI.
Publié le 08/02/2024.