Invité sur Public Sénat chez Rebecca Fitoussi aux côtés de Mireille Dumas, Alexis Burnod et Christine Bonfanti-Dossat, notre expert Daniel Borrillo plaide, au nom des libertés fondamentales, pour une aide médicale à mourir comme il en existe une à procréer.
En France, tel que le note Daniel, le suicide n’est plus pénalement répréhensible. Il est admis comme une liberté. Mais que faire des individus en soins palliatifs ou en fin de vie qui souhaitent se suicider mais qui n’en ont pas la capacité ?
« J’aimerais vivre dans une société où j’ai la possibilité de choisir la mort. »
La légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie se heurte en France à des oppositions religieuses et morales. Pourtant, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, des pays marqués par le poids de la religion, sont plus avancés que nous. C’est pourquoi, dans une société démocratique et laïque, où la morale religieuse ou personnelle ne pourrait entièrement déterminer le légal, le suicide assisté doit relever d’un choix du patient, selon un principe de consentement libre et éclairé.
« Il faut tenir compte du poids des religions, poids des cultes comme on tiens compte tous les opinions dans une société, [mais, et] c’est la différence entre la morale et le droit, chacun peut avoir sa morale. L’euthanasie cesse d’être une question morale dès lors qu’on légalise, et le principe de laïcité doit primer sur les convictions personnelles. »
Ce consentement, fondamental, devrait se construire autour d’un dispositif juridique global et efficace : le droit de révoquer à tout moment, la collégialité (un médecin ne serait pas seul en charge), une clause de conscience (seuls les médecins qui le souhaitent s’y soumettraient), ainsi que le maintien d’une communication active avec l’entourage du patient.
« Il y a une différence entre la légalisation de la fin de vie, comme [entre] la légalisation de l’IVG, et l’IVG – ou la fin de vie en tant que tel. Personne n’est pour la mort, personne n’est nécessairement pour l’IVG. »
Il reste à noter, tel que le précise Daniel, que le suicide assisté ne peut moralement prendre place que dans des pays où un système de soins palliatifs et d’accompagnement est développé et fonctionnel. Ce n’est qu’à cette condition que l’aide médicale à mourir relève d’une véritable liberté, et non d’une « idéologie du déchet » (comme la nomme le pape François), lorsque les plus pauvres, n’ayant les moyens d’accéder à des soins palliatifs, seraient dirigés automatiquement vers le suicide assisté.
Signataire du Manifeste des 109 (aux côtés de notre fondateur Gaspard Koenig) qui plaide pour faire évoluer la loi sur la fin de vie, Daniel clôt son propos sur l’importance du choix, symbole incontestable et manifeste de la liberté personnelle.
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Publié le 29/01/2024.