Invité sur le plateau de LCP pour son dernier ouvrage, Gaspard Koenig s’oppose à la conception gaullienne et unificatrice de la démocratie et appelle à revenir au parlementarisme rationalisé de la Ve République.
Invité pour la sortie de son essai « Contr’un », Gaspard admet mener un combat utopiste contre l’élection présidentielle au suffrage universel : ce n’est pas la volonté des gens au pouvoir de « scier la branche sur laquelle il sont confortablement assis ». Il soulève cependant la demande des Français pour plus de représentativité (60 %), d’après un récent sondage Ifop pour GenerationLibre.
« Les Français associent l’élection présidentielle à ce système très plébiscitaire, très bonapartiste, et aspirent, je le pense, à quelque chose de beaucoup plus responsabilisant. »
Pour Gaspard, le président de la Ve République post-1962 est une réification de Dieu qui partage les mêmes attributs : omniscience, omniprésence et omnipotence. Cette fonction d’hyper-président a été pensée par et pour le Général de Gaulle, ainsi que pour ses successeurs qu’il anticipait comme médiocres et qui bénéficieraient des larges prérogatives de la Ve République pour asseoir leur position de ‘maître’ du peuple. Gaspard s’inscrit en faux contre cette notion essentialiste de ‘peuple homogène’.
« Il y a une conception [gaullienne] de la démocratie qui est ‘un homme et un peuple’, et il y en a une autre beaucoup plus démocratique et fidèle qui sont ‘des citoyens qui délibèrent pour se donner des lois’ et pas pour se choisir un maître »
Déjà, dans deux ouvrages publiés en 1576, on retrouve cet antagonisme idéologique entre les visions gaullienne et koenigienne avec « Les six livres de la République » dans lequel Jean Bodin définit la « souveraineté une et incarnée » et le fameux « Traité sur la servitude volontaire ». C’est dans ce dernier essai, auquel Gaspard se réfère, qu’Étienne de La Boétie affirme que « nul ne doit obéir à un de ses semblables ».
« Pendant la IIIe République, on a fait les grandes lois républicaines du début, on a traversé la Belle époque (prospérité économique), traversé une Guerre mondiale sans recourir à la dictature… Il faut réfléchir au régime qu’on a déjà eu, qui ressemble un peu à la Ve République de 1958, qui est en fait du parlementarisme rationalisé. »
Si Gaspard se félicite de la plus grande diversité des courants politiques dans la nouvelle législature élue en 2022 (la XVIe de la Ve République), il regrette que les députés ne soient pas plus enclins à s’organiser en coalitions et fassent de leur réélection un enjeu principal. Pour sortir d’un système présidentiel vicié, Gaspard invite à s’inspirer de nos voisins allemands – dont le président n’est pas censé incarner la nation – et de notre IIIe République – régime qui a traversé les crises et qui demeure le plus long de l’Histoire de France post-révolutionnaire.
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Publié le 24/01/2023.